[conversation] avec Lionel d’Allard, Directeur d’Equo Vivo, VINCI Construction

Sur les chantiers où intervient Equo Vivo, marque de VINCI Construction portée et développée par VINCI Construction Terrassement, écologues, terrassiers et ingénieurs civilistes collaborent pour favoriser le (re)développement de la biodiversité. Lionel d’Allard, le directeur d’Equo Vivo, revient dans cette interview sur la manière dont les activités de “génie écologique” donnent une importance grandissante aux sols pour atteindre leur objectif.

Quels sont les objectifs du génie écologique ?

Essentiellement, il s’agit de restaurer des fonctionnalités écologiques. Il peut s’agir de (re)créer une continuité écologique pour les espèces animales et végétales – l’éco-pont est l’emblème de ces « trames vertes » – bien que l’on trouve aussi de nombreux corridors longitudinaux le long des axes comme les autoroutes. Nous recréons aussi des continuités aquatiques, les « trames bleues », par exemple en supprimant des obstacles qui n’ont plus de fonction (barrages, seuils, moulins…) ou en restaurant des milieux aquatiques – mares, étangs, marais, roselières, tourbières… Il s’agit dans tous les cas de reconnecter le milieu à l’eau. La dynamique est très forte sur ce sujet, notamment parce que l’agriculture a beaucoup drainé ces milieux. Et elle tient aussi au fait que ces milieux peuvent contribuer à la lutte contre les inondations, à la filtration des eaux ou à l’atténuation des phénomènes climatiques intenses : un marais est une éponge, capable d’écrêter les crues, et de maintenir une régulation hydrique en saison sèche.

 

Quelle place tiennent plus spécifiquement les sols dans le génie écologique ?

Le sol est d’abord vu comme un élément de milieu, riche d’une composante biologique. Et pour le terrassier, c’est aussi une ressource. En effet, nous construisons en général des ouvrages en terre. L’addition de ces deux sensibilités fait que la préservation des sols est un enjeu majeur pour nous.

Le cas des sols des milieux humides est particulièrement intéressant. Ce sont des milieux très riches en matière organique. Notre enjeu est alors de travailler en dégradant le moins possible à la fois le matériau et le milieu dans lequel on intervient. Nous utilisons pour cela des moyens spécifiques, qui s’apparentent, pour certains, aux dameuses qu’on voit sur les pistes de ski, avec une pression au sol très faible.

 

Quelle pratique recouvre la notion de technosol ?

Nous intervenons sur des milieux qui ont été dégradés par l’homme. Et cette intervention elle-même est, à nouveau, un bouleversement en profondeur du milieu. Sauf que, quand les projets de génie écologique sont aboutis, on retrouve des tracés qui se rapprochent beaucoup des tracés naturels ; passé un délai de 3 à 5 ans, l’intervention n’est plus visible, à mesure que la biodiversité se développe. Pour moi, un technosol, c’est ainsi un sol dont les caractéristiques se rapprochent nettement de celles d’un milieu naturel, mais que l’on obtient par la mobilisation de toute une palette de techniques et de savoirs.

 

Les trames vertes et bleues se sont installées dans le vocabulaire des aménageurs, plus récemment, on parle aussi de trames brunes, s’intéressant spécifiquement à la préservation des sols. Qu’apporte cette notion  ?

En tant qu’acteurs du génie écologique, nous sommes membres de l’UPGE, Union professionnelle du génie écologique. Un collège spécifique de cette organisation a, cette année, structuré la réflexion autour de la notion de trame brune. L’enjeu pointé par les travaux de l’UPGE, c’est de faire reconnaître la trame brune au même rang que l’ont été les trames bleues et vertes. Il s’agit d’apporter un complément, qui porte l’attention, en particulier en milieu urbain, sur la qualité du sol.

Cela implique de prendre en compte la biodiversité des micro-organismes dans le sol, mais aussi d’être attentifs à la qualité des services écosystémiques apportés par les sols : la rétention d’eau, la filtration, la dépollution… Cela implique enfin de préserver les sols existants – singulièrement dans les zones non artificialisées, où l’on pourrait imaginer, en plus de la l’application de la séquence ERC (éviter, réduire, compenser) de classer des sols comme « sols protégés », au même titre qu’on a protégé des espèces animales ou végétales.

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