« Des innovations de rupture émergent sur nos marchés » interview de Guillaume Bazouin

Guillaume Bazouin est responsable des programmes SEED et CATALYST de Leonard, destinés à favoriser l’innovation entrepreneuriale et les coopérations entre VINCI et des start-up aux solutions prometteuses pour le futur des villes et des territoires. Nous lui avons demandé de nous présenter en détail ces programmes, leur mode de sélection et de fonctionnement, les synergies créées avec les autres programmes de Leonard et plus largement avec le groupe VINCI.

Un incubateur porté par une major : est-ce la formule dont les marchés de la construction, de l’immobilier, de l’énergie, ont besoin aujourd’hui pour s’adapter aux enjeux de notre époque ?

Des innovations de rupture émergent de plus en plus régulièrement à l’initiative de start-up dans les métiers historiques de VINCI – c’est un phénomène qu’on a pu bien observer sur la thématique énergétique depuis des années, mais qui concernait encore peu les secteurs de l’immobilier ou de la construction jusque très récemment. Ce qui frappe aujourd’hui, c’est l’explosion du nombre de start-up qui créent des solutions pour la planification, la construction et l’opération des bâtiments ou des infrastructures. Pour prendre l’exemple de la ConTech (construction technology), qui se concentre sur le processus constructif, l’investissement mondial a doublé de 2017 à 2018 pour atteindre plus de 6 milliards de dollars et devrait dépasser les 10 milliards de dollars en 2019. Les programmes portés par Leonard permettent de capter et de déployer ces innovations qu’elles viennent de nos collaborateurs aussi bien que start-up externes au Groupe.

 

Qu’est-ce qui a motivé la création des programmes SEED et CATALYST ?

Depuis sa création, Leonard assure la détection, l’accompagnement ainsi que le déploiement de start-up externes au Groupe. Les programmes SEED et CATALYST viennent apporter une structuration respectivement autour d’un accélérateur de start-up en phase d’amorçage pour SEED et autour d’un programme de collaboration pour start-up en déploiement commercial pour CATALYST.

 

Comment se fait la sélection des start-up participantes ?

Plus de 400 start-up à travers le monde ont candidaté aux programmes SEED et CATALYST pour leur première édition. Les équipes de Leonard ont tout d’abord évalué la qualité des start-up candidates en se concentrant sur leur viabilité, la qualité de leur équipe, leur niveau de maturité ainsi que la robustesse de leur financement. Dans un deuxième temps, la sélection s’est faite dans l’échange avec de nombreux spécialistes du Groupe qui nous ont permis de déterminer la pertinence des projets portés dans leur application à nos métiers.

 

Quels liens existe-t-il entre ces deux programmes et le programme Intrapreneurs de Leonard ?

L’intrapreneuriat permet à tout collaborateur du Groupe de proposer un projet de business qu’il ou elle pourra in fine porter au sein d’une nouvelle activité. Très souvent, les sujets identifiés par nos intrapreneurs sont aussi identifiés par des start-up externes au Groupe (et vice versa). Ce phénomène de co-émergence est d’ailleurs un bon indicateur de la pertinence d’une idée. Ces chevauchements sont autant d’opportunités de collaborations et de co-développements internes/externes à explorer afin de maximiser les chances d’émergence d’une innovation de rupture. Si l’on en croit Thomas Edison, le génie, c’est 1 % d’inspiration et 99 % de transpiration…

 

Quelles sont les spécificités de SEED et CATALYST par rapport à d’autres programmes d’incubation ?

Le nerf de la guerre pour ce type de programme c’est la qualité du sourcing, et donc l’attractivité de l’offre. Pour être compétitif au sein de la myriade des accélérateurs, incubateurs et autres start-up studio, cette offre doit être claire et différenciée. Pour SEED, nous permettons à des start-up récemment formées de valider leur proposition de valeur auprès des collaborateurs VINCI qui pourraient devenir leurs clients à l’avenir. Nous leur offrons une formation à l’entrepreneuriat en partenariat avec l’Université de Stanford en Californie pour les préparer au mieux à leur première levée, et nous les hébergeons pendant six mois dans nos locaux. Chaque start-up reçoit de plus 30 000 € pour soutenir ses premiers mois de croissance. Leonard valorise son programme en entrant au capital de chaque start-up SEED.
CATALYST, à l’inverse, n’est pas un programme d’investissement, mais un programme d’accompagnement pour des start-up, scale-up ou PME qui développent des offres pertinentes, parvenues à maturité et scalables pour le groupe VINCI. Les start-up que nous visons sont très en demande d’un acteur leur permettant de leur faciliter les mises en relations et les premières phases d’échange avec les bons acteurs au sein d’un Groupe aussi décentralisé que le nôtre. Nous leur donnons ces clés et leur permettons d’économiser un temps précieux.

 

Quels sont les avantages pour les start-up accompagnées ? Et pour VINCI ?

Le programme SEED permet d’ancrer le groupe VINCI au cœur de l’écosystème des nouveaux acteurs qui inventent le futur des villes et des infrastructures. Nous remplissons un vide sur le marché mondial avec une offre permettant à des start-up « early stage » de confronter leurs offres à nos opérationnels en amont de leur première levée. Ces start-up n’ont pas de lien exclusifs avec VINCI, mais auront grandi avec nous – et nous aurons grandi avec elles. Le programme CATALYST a lui pour ambition d’accélérer et de fluidifier le lancement de partenariats entre des start-up et le groupe VINCI. Pour VINCI, c’est un accès aux meilleurs produits et aux meilleurs services développés par des start-up à travers le monde pour renforcer nos propres offres ou en développer des nouvelles.

 

Quels sont les objectifs des deux programmes pour cette année ?

L’objectif de 2019 était bien le lancement de ces programmes. Pour 2020, il s’agira de montrer une traction en externe, auprès des start-up, et en interne, auprès de nos collaborateurs. Pour SEED, cette traction sera au rendez-vous si les start-up que nous accompagnons parviennent à lever auprès de fonds d’investissement en capital risque pour continuer leur aventure. Pour CATALYST, il s’agira de montrer que les produits et services portés par les start-up qui intègrent le programme sont largement adoptées par nos collaborateurs. A l’échelle du CAC40, moins de 5% des projets pilotes avec une startup se concrétisent en relation de long terme. Avec CATALYST, nous souhaitons transformer l’essai dans 50% des cas !

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