Ce processus de collaboration entre intervenants d’un projet de construction permet la conception et l’exploitation d’une maquette 3D renseignée de données – le jumeau numérique – tout au long du cycle de vie d’un ouvrage, de sa conception à sa maintenance en passant par sa construction. Il a le double avantage de centraliser l’information et de l’enrichir tout au long de la vie de l’ouvrage en la rendant facilement accessible et compréhensible au grand nombre. Le BIM ne se limite pas aux constructions neuves, mais s’applique aussi au patrimoine bâti, quelle que soit l’échelle pour en faciliter l’exploitation. Sur le papier, ce processus offre une mine d’opportunités pour les métiers de la construction et un vivier potentiel de nouveaux business.
Quelles sont les applications actuelles du BIM et les challenges que les acteurs du bâtiment devront relever dans les années à venir ? Le groupe de prospective de VINCI consacré au BIM et au BOS, animé par Leonard, a présenté un état de ses travaux lundi 24 septembre à Leonard:Paris.
Les fortunes contrastées du BIM
Hier encore souvent réduit à sa fonction de maquette numérique, le BIM accompagne aujourd’hui les acteurs de la construction tout au long du cycle de vie du bâtiment : conception, construction et exploitation, jusqu’à la déconstruction.
Cependant, l’un des freins à la collecte de données et à l’enrichissement du BIM tient à la diversité des acteurs du projet, dont les périmètres de rentabilité et les intérêts à traiter les données divergent. Si le maître d’ouvrage est convaincu de l’intérêt d’investir dans une démarche BIM, il cherche encore à mesurer le retour sur investissement et la valeur ajoutée sur le long terme. Une volonté partagée par le constructeur, pour qui le BIM représente souvent un investissement important sur un temps court, sans plus-value immédiate sur le chantier. Les données acquises à ce stade sont pourtant particulièrement valorisables sur le temps long de l’exploitation du bâtiment.
Il reste à présent à convaincre les constructeurs de consentir à l’investissement nécessaire à l’indispensable collecte d’informations sur le chantier. Pour que le BIM soit une réussite, il est nécessaire de récompenser les efforts réalisés en amont pour rendre les données valorisables en aval, et être ainsi un agent de redistribution de la valeur.
Du BIM au BOS : dans le bâtiment aussi, l’utilisateur crée la valeur
Acteurs du temps long, les exploitants-mainteneurs ont bien compris la plus-value du BIM pour leur activité, vecteur de productivité, de création de valeur et garant d’une plus grande pérennité du bâtiment.
Les données du bâtiment peuvent aussi être valorisées dans de nouveaux services. Le BOS (Building Operating System) est une notion récente dans le secteur du bâtiment, qui transforme la relation de l’occupant au construit. A l’instar d’un Amazon qui a fondé son succès sur l’analyse des comportements et habitudes de ses utilisateurs pour affiner son catalogue de produits, le BOS permet l’amélioration du bâtiment en fonction des connaissances accumulées sur les usages des occupants. Ce processus d’apprentissage facilite dans un premier temps la correction des dysfonctionnements constatés par les utilisateurs, et nourrit le développement de nouvelles offres adaptées à leurs besoins. Le système d’exploitation du bâtiment va faire émerger de nouvelles offres, et peut se révéler un véritable élément de différenciation sur le marché de l’immobilier. Les acteurs de la construction qui ne miseraient pas sur cette infrastructure de données s’exposeront-ils à perdre leurs marchés aussi vite que Nokia à l’arrivée d’Apple et de sa plateforme ?
Diego Harari, directeur de l’innovation de VINCI Immobilier, a rappelé les grands principes du Building Operating System lors de la présentation des travaux du groupe de prospective BIM/BOS de Leonard, le 24 septembre 2018 à Paris.
Le BOS, un enjeu pour VINCI
Condition de réalisation du “smart building”, le BOS constitue une perspective d’avenir pour les activités de concession de VINCI.
Le groupe compte d’ailleurs faire figure de pionnier en faisant d’Archipel, le site de son futur siège à Nanterre, un premier de série pour l’implémentation du BOS. Les quelque 4 000 collaborateurs qui travailleront sur le site seront au cœur du projet en devenant les premiers utilisateurs du système d’exploitation d’Archipel, dont la livraison est prévue en 2021.