Comment assurer la sécurité des équipes sur le terrain ? Comment détecter les accidents avant qu’ils ne se produisent ? Avant un coup de chaud, une insolation ou une déshydratation, notre corps donne des signaux d’alerte : vertiges, suées, hausse de la température…
Les équipes de scientifiques, d’ingénieurs et d’experts des technologies mobiles et des objets connectés de la start-up américaine Kenzen proposent de monitorer ces indicateurs.
« Notre mission consiste à garder les travailleurs en sécurité et en bonne santé. »
Heidi Lehmann, I CCO de Kenzen
Assurer la bonne santé des travailleurs à coups d’algorithmes et de capteurs
Concrètement, les travailleurs sont équipés d’un patch connecté au cloud, et permettant de délivrer des informations en temps réel. Déposé sur leur bras, le patch relève des données toutes les 5 secondes : activité cardiaque, température corporelle… Si les signaux sont inquiétants, une alerte est envoyée au responsable de la sécurité des équipes, qui peut alors s’assurer que le travailleur s’hydrate, se repose quelques minutes à l’ombre ou, si le problème est plus sérieux, qu’il reçoive ls soins médicaux nécessaires.
1,3 million de données collectées chaque jour
Au niveau corporate, les données collectées permettent d’ajuster la sécurité des sites : temps de rotation des équipes, nombre de stations d’eau, équipements de protection individuelle (EPI) ou même réassignation des travailleurs les plus fragiles à d’autres tâches. Autrement : de mettre en place toutes les conditions qui permettront d’éviter les incidents.
« Notre mission consiste à garder les travailleurs en sécurité et en bonne santé. » – Heidi Lehmann
Kenzen a déjà complété plusieurs projets pilotes, dont l’un au Japon dans le secteur de l’énergie renouvelable. « Le Japon connaît des étés très chauds et très humides, explique Heidi Lehmann. L’entreprise avec laquelle nous avons travaillé avait déjà connu des cas d’insolation, dont au moins un mortel. Savoir quand faire des pauses était donc essentiel. »
« Dans le secteur de la construction, la chaleur est l’un des principaux problèmes, surtout l’été » – Heidi Lehmann
Le premier essai s’est fait avec un groupe de 5 techniciens travaillant sur des éoliennes. « Ils nous ont vraiment aidé à améliorer notre dispositif. Nous avons ensuite élargi le test à une équipe de 15 personnes. Nous avons pu envoyer des alertes quand certains ont ressenti des vertiges ou de l’irritation – qui constituent les premiers signes d’un coup de chaleur – et avons dont pu éviter les incidents. »
« La confidentialité est extrêmement importante pour nous » – Heidi Lehmann
La plateforme s’adresse à trois différents types d’utilisateurs. Tous ont accès à des sets de données différents, avec les conditions de confidentialité associées :
- Les travailleurs peuvent suivre leurs données en temps réel et accéder à leur historique.
- Les managers chargés de la sécurité reçoivent des alertes lorsqu’un travailleur est en danger, et peuvent ainsi intervenir, en lui proposant de se mettre à l’ombre ou de s’hydrater. Ils n’accèdent cependant pas du tout aux informations de santé des travailleurs.
- La direction accède à une version anonymisée des données, qui lui permet de comprendre et d’analyser les tendances et ainsi rendre les lieux de travail plus sûrs.
« Nous avons commencé par ça [la fatigue], car c’est le principal souci que nous avons identifié. Mais nous nous intéressons aussi à la fatigue, au surmenage et même au froid. Et, dans le contexte du Covid-19, nous regardons aussi comment nous pouvons détecter la fièvre. »
Heidi Lehmann, I CCO de Kenzen
Tout a commencé avec des joueurs de foot
Avant de chercher à investir chantiers et usines, c’est au sport que s’est intéressé Kenzen, et plus particulièrement au football américain, avec les 49ers de San Francisco. « Les athlètes professionnels sont entourés de coachs et beaucoup d’argent est dépensé pour les garder en très bonne santé, note Heidi Lehmann. Dans ce contexte, notre plateforme était plutôt un outil d’optimisation. »
Parmi les co-fondateurs de Kenzen, certains ont commencé leurs carrières dans des usines chinoises, où la chaleur est un vrai problème sanitaire. Le déclic a été rapide : « nous avons compris que ce que nous avions testé dans le monde du sport pourrait faire la différence dans le secteur industriel. »
Aujourd’hui, après les premiers pilotes, Kenzen espère voir l’impact de son produit se développer à travers le globe. « Le mouvement du quantified self, qui pousse les individus à mesurer leurs indicateurs physiologiques pour optimiser leur santé, a facilité la courbe d’adoption par les industriels », précise Heidi Lehmann.
« Nous sommes très ambitieux » – Heidi Lehmann
La plateforme est améliorée en continu. « Au départ, notre patch était prévu pour la poitrine, indique la CCO. Notre équipe compte beaucoup de femmes et nous n’avions pas anticipé que son utilisation pourrait être douloureuse à l’usage pour des hommes à la pilosité plus développée ! »
Sur la feuille de route de la start-up : l’amélioration de la batterie, davantage de miniaturisation… Et la possibilité d’agir sur d’autres problèmes que la chaleur. « Nous avons commencé par ça, car c’est le principal souci que nous avons identifié. Mais nous nous intéressons aussi à la fatigue, au surmenage et même au froid. Et, dans le contexte du Covid-19, nous regardons aussi comment nous pouvons détecter la fièvre. »
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