Les industriels s’unissent pour encourager le développement de l’hydrogène en Europe au sein d’une “Global Hydrogen Mobility Alliance”
Début juillet 2025, les dirigeants de plus de 30 grands groupes industriels (équipementiers, fournisseurs automobiles et technologiques, acteurs de l’énergie et de la chimie) ont appelé les responsables européens à accélérer le déploiement de la mobilité hydrogène en Europe.
Par la même occasion, ces acteurs – dont Air Liquide, BMW Group, Bosch, Volvo Group, Hyundai Motor Group ou Toyota – allient leurs forces au sein d’une nouvelle coalition : la “Global Hydrogen Mobility Alliance”. Celle-ci entend peser dans le débat public européen et soutenir la mise en place d’écosystèmes qui permettront le passage à l’échelle de la technologie.
L’Alliance pointe notamment du doigt le retard significatif de l’Europe face à la Chine, qui compte déjà plus de 28 000 camions et bus à hydrogène en circulation et vise 1 million de véhicules d’ici 2030. Pour rattraper ce retard, les industriels préconisent une « phase d’activation du marché » avec un soutien public ciblé sur le déploiement simultané de flottes de véhicules et de stations de ravitaillement le long de corridors stratégiques.
À la clé, jusqu’à 500 000 emplois créés d’ici à 2030, en s’appuyant sur les forces industrielles existantes de l’Europe dans l’automobile et la fabrication avancée.
Le géant sidérurgique allemand Stahl-Holding-Saar (SHS) Group signe un premier contrat d’approvisionnement avec l’énergéticien français Verso Energy
SHS Group, qui détient notamment les aciéries Dillinger et Saarstahl, avait lancé un appel d’offres en mars 2024 pour s’approvisionner en hydrogène certifié RFNBO (Renewable Fuels of Non-Biological Origin) conforme aux critères européens pendant dix ans. Il vient d’annoncer l’attribution de ce marché au Français Verso Energy, qui ambitionne de devenir un leader européen dans la production d’énergie bas-carbone.
Ce contrat, effectif à partir de 2029, prévoit la livraison d’”au moins” 6 000 tonnes d’hydrogène vert par an : il représente l’un des premiers accords de ce type entre un grand sidérurgiste allemand et un producteur d’hydrogène. De quoi soutenir le développement de l’innovation dans le secteur, avant une montée en puissance plus conséquente marquée par des économies d’échelle.
À terme, SHS Group prévoit en effet de consommer jusqu’à 120 000 tonnes d’hydrogène par an, une fois ses nouvelles installations pleinement opérationnelles, ce qui en ferait le plus gros consommateur de la région.
Dans le cadre de cet accord, l’hydrogène sera produit par Verso Energy dans le cadre de son projet CarlHYng (“Carling Hydrogen Next Generation”) à Carling, en France, avec un investissement initial de plus de 100 millions d’euros pour la construction d’un électrolyseur alimenté par des énergies renouvelables.
Le transport s’effectuera via le réseau de canalisations mosaHYc (Moselle-Saar Hydrogen Conversion), dont la décision d’investissement a été annoncée en avril 2024, avec une mise en service visée pour 2028-2029: cette infrastructure transfrontalière acheminera l’hydrogène vers l’usine sidérurgique de Dillingen avant sa distribution dans les autres installations du groupe.
En outre, ce contrat s’inscrit dans le cadre du projet Power4Steel, l’un des plus importants programmes de décarbonation de l’industrie sidérurgique européenne. L’hydrogène vert sera utilisé dans de nouvelles installations de réduction directe du fer (DRI) et des fours à arc électrique, avec l’objectif pour le groupe SHS de réduire ses émissions de CO2 de 55 % d’ici le début des années 2030.
La construction du premier porte-conteneurs au monde propulsé à l’ammoniac a débuté : il naviguera en Europe en 2026
Yara Clean Ammonia, Yara International, CMB.TECH et North Sea Container Line ont célébré début septembre le lancement de la construction du “Yara Eyde” lors d’une cérémonie de découpe d’acier au chantier naval Qingdao Yangfan en Chine.
Ce navire, qui sera capable de transporter 1 400 conteneurs standards, sera le premier porte-conteneurs propulsé à l’ammoniac renouvelable. Il desservira la route Oslo-Porsgrunn-Bremerhaven-Rotterdam et reliera les pôles industriels européens. Sa livraison est prévue pour mi-2026.
Ce projet bénéficie d’un soutien financier du gouvernement norvégien, qui a accordé environ 3,6 millions de dollars de subventions via son fonds d’investissement Enova. Yara International a d’ores et déjà signé un contrat à long terme pour le transport de conteneurs entre son usine d’engrais de Porsgrunn en Norvège et les ports de Hambourg et Bremerhaven en Allemagne.
À la clé, ces industriels annoncent jusqu’à 500 000 emplois créés d’ici à 2030, en s’appuyant sur les forces industrielles existantes de l’Europe dans l’automobile et la fabrication avancée. Néanmoins, cette trajectoire repose encore sur des hypothèses fortes concernant la compétitivité du vecteur hydrogène par rapport aux véhicules à batterie. Elle interroge aussi la disponibilité de l’hydrogène bas-carbone, les consommateurs actuels d’hydrogène ayant encore des difficultés à décarboner leur approvisionnement.