Le bois prend de l’altitude

Longtemps cantonné aux constructions individuelle et relativement peu développé en France, le bois semble tenir sa revanche comme matériau de construction. Léger et écologique, il revendique une place de plus en plus importante dans les constructions hautes.

 

En France, la part de la construction bois représente environ 10%, contre 15% en Allemagne et 35% en Scandinavie. Dans le logement collectif, elle tombe à 4%[1] . Une très faible utilisation, qui contraste avec une très forte disponibilité de la ressource. 29%[2] du territoire français est en effet couvert de forêts, ce qui en fait le quatrième pays d’Europe derrière la Suède, la Finlande et l’Espagne. Pour les entreprises comme le gouvernement, la valorisation de la filière est un enjeu central. Dans ce contexte, le congrès Woodrise, qui s’est tenu à Bordeaux en septembre 2017, mettait l’accent sur une pratique amenée à se développer : la construction moyenne et grande hauteur.

 

Les technologies existent et progressent

Le bois ne se cantonne plus aux maisons individuelles et aux projets d’extension. Face aux enjeux de la densification et aux exigences écologiques, la construction bois a pris de la hauteur. Devant la concurrence, le matériau a des arguments. Léger et maniable, il est renouvelable, agit comme “puits de CO2” tout en répondant à un enjeu contemporain de “biophilie” – ce besoin humain inné de vivre auprès d’un environnement naturel.

Le bois s’accommode également de la préfabrication en usine, que promeut tout un courant d’architecture modulaire qui promet de réduire les nuisances des chantiers et les temps de construction in-situ. De plus en plus d’entreprises tentent de mettre à profit ses qualités. La très médiatique startup Woodoo y voit le matériaux du futur et propose un produit étonnant de bois transformé. Grâce à l’extraction de la lignine et à l’injection d’une résine spéciale “biosourcée” la jeune entreprise a conçu un matériaux translucide très résistant et promet que la ville de demain sera “construite en bois”.

De manière plus immédiate, les contraintes structurelles de résistance reculent avec l’émergence de nouvelles technologies, en particulier le CLT (Cross Laminated Timber ou bois lamellé-croisé) qui permet d’atteindre des altitudes encore impossibles il y a quelques années. Actuellement en construction, le projet Mjøstårnet devrait atteindre 81 mètres de hauteur alors que la résidence Brooks Commons à Vancouver détient encore le record avec 53 mètres. Un rapide coup d’oeil à la page Wikipedia des plus hauts bâtiments en bois (achevés ou en projet) laisse imaginer que le record sera battu à de très nombreuses reprises dans les années à venir… La tour W350 de Sumitomo Forestry est à ce jour le projet le plus ambitieux. La branche dédiée au bois du grand conglomérat japonais a en effet dévoilé une tour de 350 mètres composée à 90% de bois, une démonstration de force qui répond également aux contraintes sismiques de l’archipel.

 

Un marché à structurer

Si la technologie n’est plus un véritable frein, reste à structurer un marché qui fait encore office de niche. Ici, l’Etat et les collectivités jouent un rôle central en invitant à une construction plus écologique et en favorisant l’utilisation du bois. En ce sens, la naissance du label E+C-, qui certifie les bâtiments à énergie positive et à faible empreinte carbone devrait encourager une transition vers les matériaux plus écologiques. Il en va de même pour les grands concours publics, tels que Réinventer Paris, ou l’Appel à Manifestation d’Intérêt pour des Immeubles à Vivre en Bois, qui invitent à valoriser le bois sur des projets ambitieux.

Dans le sillage de ces transformations, les grands groupes s’organisent, investissent auprès des acteurs du bois ou créent des filiales. Un mouvement positif qui structure le marché. Dans cette logique, VINCI  a fait d’Arbonis – sa filiale dédiée au bois – une priorité. On lui doit déjà de belles réalisations, telle que la Cité du Vin à Bordeaux, dont la charpente en lamellé-collé d’épicéa et de douglas culmine à 50 mètres !

 

[1] http://www.creahd.com/sites/default/files/upload/ressources/construction-lgts-sociaux-collectifs-bois-ush-mars2015.pdf

[2] http://www.evb.lacsq.org/fileadmin/user_upload/microsites/eav-evb_internet/documents/trousses-et-activites/forets-du-monde/fiche_8_2.pdf


 

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