L’IA dans la ville : des bouleversements en cours, une révolution à venir

De quelles transformations l’intelligence artificielle est-elle porteuse pour l’espace urbain et les bâtiments ? Le 12 février dernier, Leonard présentait son panorama des usages de l’IA dans les villes, les infrastructures et leurs métiers – en présence du mathématicien et député Cédric Villani.

Cédric Villani - soirée Leonard IA

Missionné en septembre dernier par le Premier ministre pour rédiger un rapport sur l’intelligence artificielle (IA), Cédric Villani a multiplié pendant quatre mois les voyages et les rencontres, en Europe et dans le monde, pour prendre la mesure de son nouveau sujet d’étude. Résultat, le chargé de mission du gouvernement a vu l’IA s’immiscer partout. « C’est un sujet qui est souvent là où on ne l’attend pas, a-t-il expliqué lors d’une conférence organisée par Leonard à la GE Digital Foundry, dédiée à l’impact de l’IA sur la ville et les infrastructures de demain. L’IA est au cœur de toutes les discussions économiques, scientifiques, environnementales, administratives ou culturelles. » La stratégie gouvernementale pour l’IA devrait être dévoilée le 29 mars en même temps que le rapport de Cédric Villani.

Il n’est donc pas étonnant qu’on retrouve l’IA en ville, dans les bâtiments et les infrastructures, où elle impacte l’ensemble des métiers de la construction, de la conception à l’exploitation. « On n’est plus dans la fiction » a averti en préambule Philippe Dewost, le directeur de Leonard. Outil d’impression 3D capable de générer sans intervention humaine des formes de béton complexes et parfois déroutantes (Xtree), véhicules de chantier sans pilote (Royal et Kratos), gestion autonome des véhicules dans les parkings (Stanley Robotics), lampadaires intelligents installés par GE à San Diego et à Jacksonville, les exemples sont nombreux et concrets.

 

Emerging Trends dédié à l’intelligence artificielle et son impact sur la ville, les territoires et les infrastructures ainsi que sur nos métiers

Les applications existent déjà : Olivier Genelot, Brand Director d’Axians (VINCI Energies) et tête de file du groupe de travail de Leonard sur l’IA, a introduit deux projets.
David Jardim, Associate Specialist chez Axians Portugal a présenté Hélix Nebula, un projet qui s’appuie sur la reconnaissance d’images pour détecter la corrosion sur des infrastructures électriques, et notamment des pylônes.
Côté autoroutes, les 4 400 km opérés par VINCI sont un autre domaine d’application de l’IA, sur lequel ses effets sont perceptibles. « L’IA a beaucoup d’impact, actuel et potentiel, sur la collecte de péage et la gestion du trafic, détaille Paul Maarek, Président d’Escota, chez VINCI Autoroutes. Nos logiciels de reconnaissance visuelle sont aujourd’hui capables d’identifier et de classer en temps réel les véhicules au péage (2 roues, caravanes, ambulances, camions…) dans plus de 99 % des cas et de détecter les véhicules arrêtés et les piétons sur le réseau. » Le prochain défi de l’IA sur le plan de la sécurité sera d’ailleurs d’interpréter les images quelle que soit leur résolution afin d’automatiser les signaux d’alerte en cas d’intrusion d’un véhicule à contre sens.

Mais l’arrivée de l’IA dans le quotidien interroge la place de l’intelligence humaine dans les domaines où la machine excelle. En ouverture de la conférence, Nathanaël Ackerman, le directeur du Hub France IA, une association fédérant les acteurs de l’IA, a rappelé que « pour des tâches spécifiques, l’intelligence artificielle a des résultats supérieurs à l’humain. » De quoi imaginer à terme une substitution de la machine à l’humain dans de nombreux métiers ? « La question qui se pose est davantage celle de la répartition des rôles entre les humains et les systèmes, répond Philippe Dewost. Dans le secteur de la construction, les problèmes posés supposent de l’intuition et du bon sens mais leur résolution peut aussi être nourrie des données que l’IA est capable de traiter et d’interpréter. Après, si c’est la machine qui prend la décision, l’autre question qui pourrait se poser serait celle de la responsabilité. Il s’agirait alors de remonter le fil pour tenter de comprendre pourquoi la machine a interprété de cette façon les données. C’est un sujet sur lequel planchent déjà les assureurs… »

 

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