A l’ère de la mutation profonde de l’urbanisme et de la construction, le sujet des émissions de GES est devenu un enjeu majeur pour la filière béton. Les industriels et les chercheurs ont donc initié sa révolution. Intelligent et multifonction, le béton demain sera un élément de résilience incontournable de la smart city. Tour d’horizon des innovations et des promesses du béton du futur.
Recyclage et composants alternatifs
Pour répondre à des attentes environnementales fortes, la recherche s’intéresse de près aux granulats de béton recyclés (GBR), dont l’utilisation semble particulièrement prometteuse. Encore en phase de recherche, le procédé dit de « recarbonatation » permettrait de constituer un puits de stockage de CO2 : il pourrait en stocker 15 millions de tonnes, pour 100 millions de tonnes de GBR. Un béton « capteur de CO2 » ? Cette piste est également explorée par Solidia Technologies, qui développe une nouvelle génération de ciment où une partie de l’eau est remplacée par du dioxyde de carbone.
Davantage en rupture avec les usages actuels, les chercheurs s’orientent également vers des compositions alternatives, avec pour objectif de réduire le recours au ciment. En plus du béton de chanvre ou du béton de lin, d’autres projets sont actuellement en phase pilote. Le Fonds national suisse de la recherche scientifique a développé un béton porteur qui intègre du bois. En France, la société Argilus travaille sur un ciment « argileux ».
Un béton plus intelligent et plus intégré
Au-delà du Graal de la composition optimale, des recherches poussées mêlant génie civil, informatique, chimie et physique se portent sur le « Smart Concrete ». Ce béton aurait toutes les qualités d’un organisme biologique à l’intelligence augmentée : capable de s’auto-diagnostiquer, de s’auto-réparer ou encore de s’adapter aux conditions extérieures.
Des bétons auto-réparants pourraient combler leurs fissures grâce à l’introduction d’une bactérie. Et le béton des routes sera capable de faire fondre la neige en captant la chaleur ; avec des bétons autonettoyants, il serait possible de détruire les corps gras, comme le diesel, qui endommagent les infrastructures.
La valeur ajoutée de ce nouveau béton viendra aussi de la data. Le béton traçable est déjà une réalité. Grâce à des puces intégrées lors de la fabrication, on peut connaître la composition, le nom de l’industriel, etc. Mais pas seulement ! Les données permettent de suivre l’état des structures et des matériaux, et ainsi d’optimiser la durabilité des ouvrages, pour une empreinte écologique réduite sur le long terme.