Pop Up infrastructure : architecture éphémère, économies durables ?

Pour faire face aux coûts exponentiels des grands événements ou les expositions universelles, les organisateurs s’appuient sur l’architecture éphémère. Une tendance qui se heurte encore à de nombreux freins : culturels, économiques, constructifs...
Pop up infrastructure : Exposition universelle de Milan, le Pavillon France
Le Pavillon français à l’Exposition Universelle de Milan en 2015 (XTU / Andrea Bosio)

 

Coupes du Monde, Expositions Universelles, Jeux Olympiques : les grands événements représentent des investissements importants pour les villes et les pays hôtes. Le taux moyen de dépassement des coûts aux JO est de 167%* et les retombées des manifestations – même les plus réussies – restent difficiles à estimer ! Si les villes continuent à postuler, elles sont de plus en plus frileuses et multiplient les initiatives pour faire baisser la note. Parmi elles, la piste des constructions éphémères fait son chemin. Une invitation pour les professionnels du bâtiment à s’intéresser au sujet de la “pop-up infrastructure”.

L’éphémère plutôt que la ruine !

Les dépenses d’infrastructures représentent environ la moitié du coût d’un événement olympique. Pour 2024, le budget de Paris, relativement modeste par rapport à ses prédécesseurs, estime ces coûts à 3,3 milliards d’euros. Or, cette investissement important débouche souvent sur des équipements inutilisés une fois les Jeux clos, comme en témoignent les sites abandonnés d’Athènes ou Pékin. Pour éviter de multiplier les infrastructures en déshérence, les villes s’essayent au démontage, à l’éphémère. Le dernier exemple en date concerne le stade olympique de Pyeongchang, destiné à être démonté après quatre utilisations, dont les cérémonies d’ouverture et de clôture. Une opération coûteuse, mais plus cohérente qu’un stade de 35 000 places dans une ville de 45 000 habitants !

 

Une compétence encore émergente

Si la pratique n’est pas nouvelle, les procédés constructifs de la “pop-up infrastructure” sont encore à explorer. À Milan en 2015, le cabinet d’architectes XTU avait fait sensation avec un pavillon en lamellé collé entièrement démontable et remontable. En 2012 à l’occasion des Jeux Olympiques de Londres, la Basketball Arena, conçue par Wikinson Eyre, se présentait également comme bâtiment “recyclable”. De beaux projets qui se heurtent encore à une cruelle réalité logistique et financière : les 1000 tonnes d’acier du stade londonien qui n’ont pas trouvé de nouveau point de chute ont été mis en vente dès 2013. Quant au pavillon français de Milan, son destin n’est pas encore scellé : après quelques années dans un entrepôt et plusieurs pistes de reprises, il pourrait être remonté à Tremblay-en-France d’ici 2020… Nombreux sont les projets théoriquement réversibles ou démontables qui finissent par rester en place. Pour le meilleur, lorsqu’on pense à la Tour Eiffel par exemple, et pour le pire, comme dans le cas du stade olympique de Montréal – le “Big O”, qui coûte aujourd’hui 32 millions de dollars par an à la collectivité en frais de maintenance et d’exploitations … Pour atteindre des niveaux d’efficacité satisfaisants, la pop-up infrastructure demande un vrai changement culturel. Comme l’explique Quartz, “pour un architecte, construire un bâtiment conçu pour être détruit est une approche difficile à accepter”. Si les expériences passées ont connu des fortunes relatives, un projet d’ampleur pourrait changer la donne : Ras Abu Aboud,  stade modulaire construit à partir de containers qui accueillera des matchs de la prochaine Coupe du monde de football au Qatar, pourra être déconstruit et réassemblé dans d’autres lieux ou pour former de multiples petits équipements sportifs. A suivre !

 

* http://theconversation.com/les-couts-des-jo-flambent-il-faut-les-maitriser-62879 

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