Au cours de 4 ateliers organisés en juin 2020, Leonard a rassemblé 26 représentants d’institutions, entreprises, think tank, centres de recherche et de réflexion et équipes des entreprises de VINCI pour examiner les facteurs de changement imposés par la crise sanitaire, leur déclinaison en tendances et leur évaluation selon leur impact ou leur incertitude. Ils ont extrait de leurs regards croisés 350 facteurs, 7 grandes tendances et 4 scenarios prospectifs à horizon 2030.
Les 22 et 23 juin 2020, les participants aux ateliers animés par Elisabeth Grosdhomme, directrice générale de Paradigmes et cætera et l’équipe Leonard ont échangé leurs vues sur :
- Les facteurs de changement imposés par la crise ;
- Leur déclinaison en tendances et leur évaluation selon leur impact et incertitude ;
- Les scénarios qui se dessinent ;
- Les premiers signes annonciateurs dans une perspective multi-sectorielle.
Consultez le rapport :
Le rapport esquisse 4 scénarios :
Scénario 1 : La collaboration au service d’un regain économique local
Porté par les assouplissements du droit du travail, le télétravail est devenu la norme. Les salariés cherchent alors à améliorer leurs conditions de travail à domicile. Pour ce faire, ils n’hésitent plus à s’installer dans des villes moyennes, où les prix de l’immobilier leur permettent d’acquérir une pièce en plus, et parfois un coin de jardin. L’« exode urbain » revitalise de petites villes et crée une dynamique positive pour les économies locales. En retour, les territoires doivent relever de nouveaux défis transversaux : mobilité intercommunale, aménagement de services et de nouveaux circuits de distribution… Une dynamique de collaboration entre les acteurs publics et privés se met en place donnant une place grandissante aux collectivités locales ; place renforcée par le soutien financier apporté par l’État.
Scénario 2 : L’exode urbain dans un contexte de stagnation économique
La crise a été très dure et la reprise n’a pas vraiment eu lieu. Le chômage s’est massifié, à l’instar des faillites d’entreprises. La recherche d’opportunités économiques ou de moyens de subsister, notamment dans les secteurs de l’agriculture ou de la sylviculture, est un des moteurs d’un large exode urbain. Le télétravail est devenu la norme, mais creuse les inégalités. Si les cadres supérieurs jouissent de la liberté de passer plus de temps dans leurs résidences secondaires, les autres catégories d’urbains souffrent d’incertitudes croissantes. Le creusement des inégalités nourrit un contexte social explosif. Les flux de populations, capables de revitaliser démographiquement des territoires délaissés, deviennent donc un enjeu politique pour les collectivités. Des investissements publics dans la transition écologique, couplés à la mise en place d’une économie grise, alimentent une dynamique de sobriété énergétique, alimentaire et écologique.
Scénario 3 : Face aux ruptures territoriales, le sursaut citoyen
La crise économique qu’a créé le confinement n’a pas pu être empêchée par les mesures d’aides publiques. Les plans de relance successifs échouent à créer les conditions d’une croissance dynamique et durable. Les faillites d’entreprises se multiplient, les plans sociaux aussi, le chômage explose et le niveau de vie diminue. Le marasme économique est à peine enrayé par des investissements publics massifs. En revanche, ces plans favorisent l’émergence de territoires qui arrivent à tirer leur épingle du jeu et deviennent des pôles économiques, démographiques et politiques. Face à cette crise sans précédent, de nouveaux mouvements sociaux – qualifiés de « sursaut citoyen » – s’organisent : plus solidaires et très implantés localement, ils permettent de recréer du lien social dans les plus grandes villes. Assez vite, ces mouvements sociaux se transforment en mouvements politiques. Ils prônent une plus forte implication citoyenne dans la démocratie et la gestion locale des problématiques technologiques, économiques et règlementaires.
Scénario 4 : L’emballement métropolitain
Les plans de relance à différentes échelles permettent une relance économique rapide. La croissance repart à la hausse, et le chômage décroît enfin. Le confinement n’est qu’un mauvais souvenir, ainsi que la plupart de ses répercussions. Le télétravail ne s’est pas imposé comme la nouvelle norme dans la plupart des entreprises. Les grands investissements publics se concentrent en partie dans les nouvelles technologies, le déploiement d’un réseau 5G européen est encouragé. En parallèle, des grands chantiers industriels s’ouvrent pour accélérer la conduite autonome, la mobilité à hydrogène, l’économie circulaire, les énergies non carbonées. Ces plans ont une forte composante verte et facilitent aussi certaines relocalisations stratégiques. Compétitives, accueillant une population très formée, des centres de recherches de premier plan et disposant d’importantes infrastructures, les métropoles servent de courroie de transmission aux plans de relance successifs.