Cette tribune a été initialement publiée sur le site de Libération le 16 janvier 2018: http://liberation.fr/france/2018/01/16/pour-reussir-la-transition-vers-le-vehicule-autonome-faisons-dialoguer-nos-intelligences_1622745
Édifier de nouveaux espaces, définir de nouveaux usages, comment organiser les villes à l’ère des nouvelles mobilités et impliquer les citoyens dans ces métamorphoses de l’urbain? Venez débattre avec nos invités (à partir de 19 heures le mardi 6 février) à l’occasion de notre forum sur les mobilités, à l’auditorium de la maison de la RATP.
L’automobile a modelé nos villes et nos territoires. Ses usages rythment la société et la vie économique. Cependant, au fil des dix prochaines années, le véhicule autonome pourrait bousculer nos habitudes en transformant profondément les routes et le système urbain, ainsi que nos pratiques de mobilité.
Réussir cette transition supposera dès lors l’organisation du dialogue de l’État et des territoires, qui exercent l’autorité sur l’espace public, et des acteurs économiques: infrastructures, filière automobile, services de mobilité. VINCI, en tant que constructeur et exploitant d’infrastructures routières comme de systèmes urbains, veut anticiper ces transformations et engager ce dialogue. Je souhaite à ce titre verser au débat naissant quatre pistes de réflexion à l’aube de ces grandes transformations.
Première piste: la ville sera l’un des terrains privilégiés du déploiement de la mobilité autonome. Les attentes comme les enjeux y sont particulièrement élevés: le véhicule autonome va transformer la mobilité en ville et, partant, l’usage des espaces réservés à la circulation et surtout au stationnement des voitures. La voie publique devient un milieu particulièrement complexe où la coexistence de mobiles de plus en plus divers, tant par leur agilité que leur fragilité (automobiles traditionnelles, cyclistes, deux roues, piétons, trottinettes, mono-roues, rollers, skateboards…) fait de l’insertion dans le trafic des voitures sans conducteurs un défi aussi considérable qu’inédit.
Deuxième piste: la mobilité autonome en ville sera aussi connectée, électrique et servicielle. Ces mutations simultanées supposeront des transformations significatives et durables des systèmes urbains (adaptation des réseaux électriques, connectivité des routes, de la signalisation, évolution des formes urbaines, etc.), qui sont autant d’enjeux de politiques publiques.
Troisièmement, la promesse du véhicule autonome de faire du conducteur un passager comme les autres ne doit pas occulter les profondes mutations à venir de la logistique urbaine et des transports en commun. Les enjeux du dernier kilomètre et les potentialités de l’automatisation des livraisons dessinent en effet quelques pistes pour l’amélioration des systèmes urbains. L’autonomisation des véhicules concernera également le transport collectif comme le préfigurent la navette et le robot taxi de Navya présentés en janvier au CES à Las Vegas: ceci pourrait modifier durablement le «mix» de mobilités en ville.
De ce fait, le véhicule autonome nous offre donc une occasion de repenser et d’améliorer sensiblement nos systèmes de transport dans leur ensemble. La soutenabilité de ces systèmes de mobilité relève des politiques publiques, et invite à un dialogue soutenu entre autorités et acteurs économiques.
De ce dialogue des intelligences entre acteurs industriels, régulateurs, territoires émergeront des expérimentations, de nouveaux services, des innovations qui doivent nous permettre de répondre aux attentes et aux besoins de tous les citadins, qu’ils soient automobilistes, piétons ou adeptes des mobilités actives.