Quand l’armée américaine investit dans le bâtiment vivant !

Construire des bâtiments vivants ? C’est l’ambition d’Ecovative à travers le Living Material Program de DARPA. Un projet de recherche qui met à l’honneur les matériaux organiques.

Bâtiment vivant - Ecovative de Harry Allen - Jeff Betts

La branche du département américain de la défense dédiée au développement de nouvelles technologies affiche un CV impressionnant en matière d’innovation. Après avoir participé à l’éclosion d’Internet ou des véhicules autonomes, la DARPA s’intéresse à présent à la construction à partir d’organismes vivants.

Environnements reculés ou hostiles, zones de catastrophe… : sévèrement mises à l’épreuve tout au long de leur cycle de vie, les infrastructures militaires exigent une résistance et une capacité d’adaptation toute particulières. Une qualité que l’armée américaine va chercher dans les bio-matériaux. A travers le “Living Material Program”, l’agence de recherche de la Défense a confié 9,1 millions de dollars à Ecovative pour concevoir les matériaux vivants du futur. L’ambition est de permettre aux unités militaires de créer des bases d’opération “en faisant littéralement pousser les matériaux de construction nécessaires au infrastructures – abris, barrières, meubles”. Pour la startup, crée en 2007, ce nouveau projet de recherche marque une étape fondamentale. Pendant plus de 10 ans, Ecovative a utilisé le mycélium (la partie végétative du champignon) dans la production d’emballages, de petit mobilier, d’objets décoratifs ou d’éléments d’isolation… Aujourd’hui, adapter la méthode à la production de matériaux de construction est un défi technique et scientifique majeur.

Pour maximiser les chances de succès, l’entreprise s’est entourée de spécialistes du sujet. Virginia Cornish et Harris Wang, du département de Chimie et de Biologie de Columbia, Christopher A. Voigt, du centre de biologie synthétique du MIT et Jef D. Boeke professeur au département de biochimie et de pharmacologie moléculaire de NYU accompagnent l’aventure. Un intérêt du monde académique qui ne doit pas faire oublier les freins qui limitent encore l’arrivée de ce type de technologie auprès du grand public. Les produits utilisés aujourd’hui sont séchés avant d’être utilisés, pour répondre aux contraintes réglementaires et à la difficulté de maîtriser la croissance des champignons… Autrement dit, les objets créés par Ecovative ne sont vivants que lors de leur création, lorsque le mycélium se mêle aux déchets agricoles pour former un matériau solide. La ville vivante devra attendre encore un peu.

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