3 tendances à retenir de Slush 2024
13 000 visiteurs, dont 5 500 entrepreneurs et 3 300 investisseurs : chaque année depuis 2008, Helsinki devient pendant deux jours la capitale de l’innovation et de la tech, grâce à l’événement Slush… L’occasion de se pencher sur les tendances marquantes repérées par les équipes de Leonard pour l’écosystème de la construction et des infrastructures.
La capture du CO2 à la source ou dans l’atmosphère attire les investisseurs
De Qaptis en Suisse qui récupère le CO2 à la sortie des poids lourds à Twelve, en Californie, qui a levé 645 millions de dollars en septembre dernier pour capter le carbone de l’atmosphère et le transformer en carburant d’aviation et en matériaux, la capture du CO2 intéresse de plus en plus les entrepreneurs du monde entier et, surtout, les investisseurs.
L’idée ? Capturer le CO2, que ce soit directement à la source d’émission ou dans l’atmosphère, pour le transformer en produits utiles plutôt que de le laisser contribuer immédiatement au réchauffement climatique. C’est ce qu’on appelle le CCU (pour “Carbon Capture and Utilization”) ou “valorisation du CO2”.
Dans le cas de Twelve, l’entreprise californienne utilise un procédé électrochimique qui imite la photosynthèse pour transformer le CO2 en molécules complexes. Ces molécules servent ensuite à fabriquer du carburant d’aviation durable (ou SAF, pour “Sustainable Aviation Fuel”) ainsi que des produits chimiques habituellement dérivés du pétrole.
La start-up collabore déjà avec des géants comme Microsoft, Procter & Gamble et l’US Air Force : de quoi justifier sa levée de fonds record – constituée de 400 millions de dollars pour le financement de projets, 200 millions d’euros en financement de série C et 45 millions en facilités de crédit – menée par le fonds d’“impact” TPG Rise Climate. Ces financements vont permettre à la start-up d’accélérer la commercialisation de sa technologie et de construire sa première usine commerciale.
L’écosystème de la réindustrialisation bas-carbone se structure
Comme le transport aérien, l’industrie lourde – et en particulier la production d’acier – progresse dans sa transition dans le but de réduire son empreinte carbone. Illustration avec la start-up suédoise Stegra (anciennement H2 Green Steel), qui a sécurisé pas moins de 6,5 milliards de dollars de financement en quelques années. Elle établit actuellement une usine de production d’acier “vert” à Boden, en Suède : la construction de l’installation a débuté en 2023 pour une mise en service prévue en 2026.
Objectif : permettre la production de 2,5 millions de tonnes d’acier par an, avec une montée en puissance prévue à 5 millions de tonnes d’ici 2030. Tout cela avec une réduction significative des émissions de CO2 (jusqu’à -95% par rapport aux hauts fourneaux traditionnels), grâce à l’usage de l’hydrogène comme alternative au charbon traditionnel.
Stegra vient d’ailleurs d’annoncer une collaboration majeure avec deux nouveaux partenaires stratégiques – l’investisseur en infrastructures John Laing et le spécialiste du traitement de l’eau Aquatech. Son tour de table est marqué par une grande diversité d’acteurs, allant de fonds d’investissement en capital-risque jusqu’à des fonds d’infrastructure, habitués à investir dans des projets de long terme, mais traditionnellement moins appétant au risque que les VC. Un bon signe pour tout l’écosystème greentech/cleantech ?
Les “Defense Tech” émergent alors que le contexte géopolitique se dégrade
Un autre constat s’impose après deux jours à Slush : sujet encore tabou il y a deux ans, la “Defense Tech” arrive sur le devant de la scène, avec des acteurs de plus en plus visibles – en particulier en Finlande. C’est le cas notamment de la start-up ICEYE, basée à Helsinki. Initialement positionnée sur la Space Tech, elle a adapté sa technologie de “radar à synthèse d’ouverture” (“Synthetic Aperture Radar” ou SAR) à des fins militaires, notamment à destination de l’Ukraine.
Avec plus de 700 employés répartis entre la Finlande, la Pologne, l’Espagne, le Royaume-Uni et les États-Unis, ICEYE opère aujourd’hui la plus grande constellation de satellites SAR au monde. Sa technologie permet de capturer des images haute résolution de la Terre de jour comme de nuit, même à travers la couverture nuageuse, offrant ainsi une capacité de surveillance continue du territoire.
Cette émergence de la “Defense Tech” est accompagnée par un soutien politique et financier sans précédent. Ainsi, en juillet 2024, le Fonds européen d’investissement (FEI) et le Fonds OTAN pour l’innovation (NIF) ont signé un protocole d’accord visant à encourager les investissements privés dans la défense et la sécurité européennes. Cette alliance, soutenue par 24 pays de l’OTAN, mobilise plus d’un milliard d’euros pour les technologies de défense avancées. De quoi accélérer grandement le développement des start-up du secteur.