Matériaux durables : retour sur 3 innovations en cours de passage à l’échelle
L’innovation dans le secteur des matériaux durables s’accélère en Europe, portée par des startups qui repensent les procédés de conception et de fabrication selon les principes de circularité et de réduction des déchets. Stockage de CO2 dans le béton, isolation minérale circulaire, aérogel vert : trois technologies prometteuses sont en train de passer le cap de l’industrialisation grâce à des partenariats industriels majeurs et des financements conséquents…
Neustark s’implante en France grâce à une collaboration avec FEHR et Holcim
Fin 2024, la startup suisse Neustark, spécialisée dans le stockage du CO2 dans les matériaux de construction a annoncé le déploiement à venir de 14 installations de stockage du CO2 au sein de sites opérés par Holcim, en Suisse, en Allemagne, en Italie et en France, dans le cadre d’un partenariat stratégique visant à réduire l’empreinte carbone du groupe.
La technologie développée par Neustark permet en effet de capturer le CO2 issu d’installations de biogaz et de le stocker de manière permanente dans deux types de matériaux : soit dans des granulats de béton recyclé issus de la démolition, soit dans des eaux résiduelles issues du lavage des bétonnières, qui, après l’enrichissement, peuvent être réutilisées pour la fabrication de béton.
Le procédé de minéralisation de la startup permet de stocker jusqu’à 10 kg de CO2 par tonne de béton recyclé. Alors que Neustark a levé 69 millions de dollars en juin 2024, 22 sites ont déjà été installés en Suisse, en Allemagne, en Autriche et en Angleterre et 40 nouveaux sites doivent être ouverts en 2025.
En France, c’est le site Lafarge de Gennevilliers qui a été sélectionné dans le cadre du partenariat avec Holcim : une unité de traitement doit y être installée d’ici à la fin de l’été 2025. Ce sera la seconde implantation dans l’hexagone pour l’entreprise, puisque Neustark vient d’inaugurer un premier site en Alsace, avec Fehr, une entreprise familiale locale spécialisée dans la production de béton prêt à l’emploi et éléments préfabriqués.
Crédit image : dimaberlinphotos
FenX et Çimsa s’allient afin de produire et commercialiser un nouveau type d’isolation plus durable
FenX, une entreprise suisse spécialisée dans les technologies de construction circulaire s’est associée fin 2024 à Çimsa, une filiale du conglomérat turc Sabancı Holdings, qui figure parmi les leaders mondiaux des matériaux de construction.
L’objectif du partenariat est d’ouvrir une première usine en Espagne, afin de commercialiser à grande échelle courant 2025 la solution d’isolation innovante développée par FenX.
Ce produit, baptisé “FomRox” se présente comme la première solution d’isolation en mousse minérale circulaire. L’innovation repose sur une technologie de moussage brevetée par FenX qui permet de transformer des déchets industriel en panneaux d’isolation haute performance.
Le procédé de fabrication, qui ne nécessite pas de cuisson à haute température, permet de réduire considérablement l’empreinte carbone du produit par rapport aux solutions traditionnelles. Les panneaux ainsi produits bénéficient de solides atouts, dont leurs propriétés non inflammables, leurs performances thermiques élevées et leur faible empreinte carbone.
À noter : tout comme Neustark, cette startup créée en 2019 est un spin-off de l’université ETH Zurich.
Keey Aerogel lève 18 millions d’euros pour fabriquer de l’aérogel “vert” à l’échelle industrielle grâce à un procédé de rupture
La startup deeptech Keey Aerogel, basée à Mulhouse, vient de boucler une levée de fonds en Série A de 18 millions d’euros pour accélérer l’industrialisation de son procédé novateur de fabrication d’aérogel de silice.
Fondée en 2015, la société a développé une technologie de rupture permettant de produire de l’aérogel de silice à partir de déchets de construction. Contrairement aux méthodes traditionnelles qui rejettent les solvants après usage, Keey Aerogel recycle en circuit fermé le dioxyde de carbone et l’éthanol utilisés dans le processus de fabrication.
L’aérogel, composé à 98% d’air et 2% de silice, est un super-isolant. Ce matériau très léger trouve des applications dans de nombreux secteurs : la construction (isolation thermique), l’industrie (isolation haute température), les batteries de véhicules électriques (sécurité incendie) ou l’aérospatial.
Actuellement en phase de pré-industrialisation dans son usine pilote alsacienne, Keey Aerogel prévoit d’utiliser ces nouveaux fonds pour construire une deuxième unité de production et renforcer ses équipes, avant de développer un réseau d’usines locales à proximité des clients.
Cette levée a été menée par le Fonds SPI 2 de Bpifrance et le fonds d’investissement WIND, avec la participation de Capital Grand Est et NCITY.
