La startup Jimmy Energy a levé 2,2 millions d’euros pour développer des générateurs thermiques reposant sur un micro-réacteur nucléaire
Créée en 2021 par les entrepreneurs français Antoine Guyot et Mathilde Grivet, Jimmy Energy a levé 2,2 millions d’euros en amorçage mi-février 2022, auprès des fonds EREN Industries, Noria, Otium Capital, Polytechnique Ventures et de différents business angels. Son ambition ? Décarboner l’industrie, en remplaçant les brûleurs fossiles utilisés par les industriels pour produire de la chaleur par des mini-réacteurs fonctionnant à l’uranium et n’émettant pas de CO2.
Pour cela, Jimmy s’appuie sur une technologie existante et éprouvée : les réacteurs HTR (High Temperature Reactor). Cette technologie, qui se branche directement aux installations existantes, rassemble deux qualités pour la chaleur industrielle : elle est plus chaude et possède une sûreté passive. Le HTR a été industrialisé à plusieurs reprises en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux Etats-Unis, et est aujourd’hui utilisé au Japon et en Chine.
Jimmy ambitionne d’ équiper en priorité des entreprises dans les secteurs de la chimie, de l’agroalimentaire ou de la papeterie. Elle a débuté sa phase d’industrialisation, avec la fabrication de premières pièces, mais son objectif de livrer ses premiers clients avant 2026 est loin d’être atteint.
Naarea veut produire de l’électricité pour l’industrie à partir de déchets radioactifs et de thorium
Une autre startup française prometteuse, Naarea, créée par Jean-Luc Alexandre et Ivan Gavriloff, s’attelle aussi à la construction de mini-réacteurs nucléaires. Les deux entrepreneurs misent sur une technologie conçue à l’origine pour le spatial, qui repose sur des sels fondus et fonctionne à partir du combustible usé (plutonium et uranium) des centrales actuelles, associé à du thorium, un sous-produit minier issu de l’extraction des terres rares, disponible en grande quantité.
Un premier brevet pour cet XSMR (Extra Small Modular Reactor) a été déposé début 2021 et un premier prototype est prévu d’ici cinq ans. A terme, les réacteurs, d’une puissance de 1 à 40 mégawatts et d’une autonomie de 10 ans, seront assemblés en usine, avant d’être livrés chez les clients – sites industriels, zones isolées, usines de dessalement…
La start-up allemande Marvel Fusion a levé 35 millions d’euros pour son procédé de fusion inertielle
La start-up allemande Marvel Fusion vient de lever 35 millions d’euros auprès du fonds de capital-risque Earlybird et de plusieurs industriels pour développer son procédé de fusion inertielle. Celui-ci, conçu en collaboration avec Thales, Siemens Energy et Trumpf, permettrait de fournir de vastes quantités d’énergie sans production de déchets radioactifs à long terme, contrairement à la fission. Le procédé a bien d’autres avantages : un réacteur à fusion de la taille d’un terrain de football suffirait à alimenter une ville de la taille de Londres, tandis que le combustible utilisé (le deutérium, présent dans l’eau de mer) est facilement accessible.
Néanmoins, le procédé reste pour l’heure basé sur des modèles théoriques, issus des travaux de Donna Strickland et Gérard Mourou, qui ont reçu le prix Nobel de physique en 2018. Aux Etats-Unis, le National Ignition Facility (NIF) du Lawrence Livermore National Laboratory, en Californie a bien mené récemment une expérimentation prometteuse de fusion inertielle, mais le défi reste de produire davantage d’électricité que la réaction n’en consomme, et ce, à l’échelle industrielle.
Dans le monde, une trentaine de startups travaillent actuellement sur le sujet de la fusion nucléaire, dont Commonwealth Fusion Systems, aux Etats-Unis, qui a levé 2 milliards de dollars en décembre 2021.
Et aussi…
En Suisse, Transmutex développe un nouveau type de réacteur nucléaire au thorium – Swissinfo
Rondo Energy lève 22 millions de dollars pour décarboner l’énergie des industriels – Business Wire
Cet article a été publié dans le cadre de la newsletter Leonard. Abonnez-vous pour recevoir les prochaines en suivant ce lien.