Comment la Chine mise sur le tracking de sa population pour contenir l’épidémie et sortir rapidement du confinement.
A Wuhan, épicentre de l’épidémie, le confinement vient d’être levé. Mais derrière cet assouplissement de façade, les citoyens continuent d’être suivis à la loupe.
Depuis l’éclatement du COVID-19, la Chine a mis en place un système de suivi numérique géolocalisé très strict de ses citoyens. Avant de sortir, tous les habitants doivent remplir un questionnaire indiquant leur température corporelle, s’ils ont des symptômes de grippe et leur adresse.
Les applications WeChat ou Alipay, très populaires en Chine, génèrent ensuite un QR code de couleur en fonction des réponses : vert, jaune ou rouge . La couleur détermine s’ils sont autorisés à quitter leur domicile et les endroits où ils peuvent se rendre. Le QR code sera ensuite scanné dans différent checkpoints de la ville (métro, magasins, gares…) pour s’assurer que seuls les non-malades circulent. Le système fonctionnerait dans plus de 200 villes chinoises et continuera de s’appliquer même après la levée du confinement.
Ces exemples confirment qu’un des enjeux du déconfinement sera bien le numérique, mais avec des stratégies et des politiques différents selon les contextes. En Europe par exemple, le cadre de la RGPD nécessitera d’adopter une toute autre approche, fondée sur le consentement et l’anonymisation des données.
Comment l’Europe veut inventer son propre système de contact tracing pour lutter contre le virus tout en respectant la vie privée des citoyens ?
Le contact tracing consiste à alerter les personnes qui ont été en contact avec une personne infectée par un virus pour éviter de nouvelles infections. Dans la lutte contre le COVID-19, cette approche devient essentielle en raison de la longue période d’incubation du virus (14 jours) et du fait que la plupart des gens sont des porteurs asymptomatiques.
Les smartphones peuvent jouer un rôle capital dans cette stratégie, mais le risque est grand que les données collectées soient utilisées pour espionner les citoyens.
Dans ce livre blanc, des experts européens ont conçu un système décentralisé utilisant la technologie Bluetooth pour apporter le en Europe tout empêchant de réutiliser les données collectées.
Le protocole s’appelle Decentralized Privacy-Preserving Proximity Tracing (DP-PPT) et a été conçu par plusieurs universités et institutions européennes.
Pour protéger la confidentialité, l’application génère un identifiant éphémère Bluethooth appelé EphID qui n’est jamais lié à la véritable identité de la personne. Les données sont stockées et échangées localement, ce qui empêche d’avoir une infrastructure de suivi centralisée.
En mettant l’accent sur la confidentialité, les experts tentent de convaincre la population d’adopter une application de contact tracing. Selon des chercheurs d’Oxford, au moins 60 % de la population doit utiliser une application de ce genre pour que le contact tracing soit vraiment efficace.
Aux Etats-Unis, le gouvernement s’en remet à la puissance de la Big Tech pour reprendre le contrôle dans la lutte contre le virus
Le gouvernement américain prévoit d’utiliser les données de localisation des smartphones pour lutter contre COVID-19 et allouer plus précisément ses ressources santé. Les données recueillies proviennent de Facebook, Google et d’autres entreprises tech.
Comment ça marche ? La collaboration a commencé avec Google révélant des rapports de mobilité quotidiens par Comté aux États-Unis. Ces rapports permettent d’observer les variations de fréquentation des endroits publics comme les magasins ou les parcs. Cela donne de bonnes informations pour comprendre si les mesures de confinement fonctionnent ou non.
Facebook a également dévoilé certains outils pour lutter contre le virus. L’entreprise a publié une série de cartes de Disease Prevention qui étudient les déplacements de population. Pour cela, elle utilise un indice de connectivité sociale qui révèle les différentes connexions qu’ont les habitants entre différents états.
Facebook et Google déclarent utiliser des données agrégées et anonymisées et ne donnent aucun aperçu des déplacements individuels aux autorités.
Mais certaines personnes craignent que cela devienne un autre programme de surveillance de masse, tout comme le programme PRISM avait permis à la NSA d’accéder aux services de Facebook et Gmail pour lutter contre le terrorisme après le 11 septembre 2001.