Repowering et transition énergétique, un coup d’accélérateur ?

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Remplacer les infrastructures énergétiques vieillissantes par des systèmes plus performants porte un nom : le repowering. C’est aujourd’hui une option qui mérite d'être évaluée pour atteindre les objectifs de décarbonation ambitieux fixés par exemple par le plan net zero de l’Agence Internationale de l'Energie à l’horizon 2050.

Répondre à la demande en électricité

Derrière l’anglicisme, le “repowering” désigne une pratique relativement intuitive. Il s’agit de remplacer des infrastructures énergétiques anciennes par d’autres, plus récentes et efficaces. C’est une stratégie qui apparaît séduisante pour d’augmenter la quantité d’énergie produite sans multiplier les nouveaux sites d’accueil d’infrastructures. La pratique pourrait contribuer à s’adapter rapidement à une demande exponentielle en électricité. Dans le sillage de la sortie du fossile, mais aussi de la crise ukrainienne, l’AIE estime ainsi que l’électricité représentera 50% du mix énergétique total en 2050, contre 20% aujourd’hui. Le repowering s’inscrit également dans un effort pour plus d’efficacité énergétique, alors que les installations sont de plus en plus vieillissantes. On estime que 70% du réseau américain est âgé de plus de 25 ans, alors qu’un tiers des infrastructures hydroélectriques asiatiques ont plus de 40 ans. En France, le réseau de transport de l’électricité est en moyenne âgé de 50 ans et les lignes les plus vieilles ont 85 ans. 

Profiter du bond technologique

Le repowering apparaît particulièrement intéressant dans le domaine des énergies renouvelables, car il permet de profiter du bond technologique réalisé ces dernières années. Dans le secteur éolien, les turbines ont doublé leur taille en moins de 20 ans, et affichent une capacité moyenne de l’ordre de 3MW, contre 0,2MW dans les années 90. Les innovations photovoltaïques permettent aujourd’hui de dépasser régulièrement les 30% d’efficacité énergétique et affichent des progrès très rapides quelles que soient les technologies utilisées

Protéger le foncier

Le déploiement des énergies renouvelables utilise du foncier. McKinsey estime que pour atteindre les objectifs fixés en Europe concernant le déploiement des énergies renouvelables, entre 23000 et 35000 km² de terrain (soit l’équivalent de la surface de la Belgique) vont être nécessaires. L’enjeu est d’autant plus grand que tous les terrains ne sont pas adaptés au solaire ou à l’éolien, et qu’il existe une concurrence forte avec d’autres usages (l’agriculture et les espaces protégés en particulier). Dans ce contexte, le repowering pourrait s’imposer comme l’allié naturel des objectifs de Zéro Artificialisation Nette en évitant la construction de nouvelles centrales. 

Accélérer le mouvement et réduire les coûts

L’option du repowering pourrait également offrir l’opportunité de déployer de grands projets énergétiques plus rapidement. Pour aller dans ce sens, l’Union Européenne est en train de faire évoluer le cadre légal qui reste aujourd’hui un des freins majeurs. Si les situations varient en fonctions des pays, les démarches administratives qui encadrent le repowering (permis, études d’impact environnementales) sont encore largement similaires à celles qui concernent les constructions “neuves”. Le Plan REPowerEU a pour objectif de remédier à la situation, en permettant de réduire les délais d’octroi de permis à 6 mois pour les installations d’une puissance électrique inférieure à 150 kW, et à un an pour les projets d’énergie éolienne en mer. En ce qui concerne les coûts, le poids des opérations de démantèlement doit être mis en perspective avec les gains potentiels. Le remplacement des infrastructures obsolètes permet en effet de limiter radicalement les coûts de maintenance des infrastructures les plus anciennes. Plus important encore, le développement d’une filière de valorisation des panneaux solaires ou des éoliennes permet d’imaginer des gains substantiels. Sia Partners prend à ce propos l’exemple d’une turbine Nordex 3MW, dont le coût de démantèlement est estimé à 150 000€. Après recyclage, il tombe autour de 50 000€…L’analyse de cycle de vie globale entre la prolongation des infrastructures existantes ou leur remplacement mérite néanmoins des données complémentaires. 

Au delà de l’éolien

C’est aujourd’hui dans le domaine de l’éolien que le repowering est le plus discuté. Il est particulièrement adapté au cycle de vie relativement court des éoliennes, qui doivent être remplacées tous les 20 ans environ. Selon WindEurope, 20 GW d’éolien terrestre devrait ainsi être remplacés d’ici 10 ans. Mais le sujet va bien au-delà du seul secteur éolien, et touche l’ensemble des sources d’énergie. L’hydroélectricité est particulièrement concernée. Alors que le potentiel hydroélectrique maximal de nombreux pays est déjà atteint, les technologies les plus récentes permettent d’ imaginer des gains de puissance substantiels. En France, le repowering de la centrale Romanche-Gavet a ainsi permis d’augmenter de 40% la production d’électricité du tronçon de rivière sur laquelle est située. Au-delà de la production, les opérations de repowering dans le domaine hydroélectrique formulent également des promesses environnementales. Dans la vallée de la Romanche, EDF a pu redonner leur état naturel à plusieurs hectares terrestres et à un hectare de zone aquatique. En Italie, la centrale de Capodacqua incarne cet effort environnemental en intégrant des rampes de passage pour la faune, des “échelles à poissons”, des turbines et des valves sans huile, ainsi qu’un système de régulation de l’usage de l‘eau plus précis afin d’éviter le gaspillage… 

Malgré les promesses, la pratique du repowering reste aujourd’hui marginale. On estime ainsi que moins de 10% des éoliennes en fin de vie sont remplacées… Si les technologies sont disponibles, le principal enjeu – dans le monde entier – est un arbitrage économique complexe entre démantèlement, repowering ou continuation de la centrale existante en fonction de nombreux paramètres (prix de l’énergie, taux d’intérêt, soutien public ou non).

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