Les images de Tikku ont fait le tour du monde. Et pour cause, le petit édifice construit au milieu des rues fréquentés d’Helsinki intrigue. Conçue par l’architecte finlandais Marco Casagrande, cette maison tout en verticalité multiplie les promesses alléchantes. Une empreinte au sol de la taille d’une place de parking (2,5 x 5 mètres), un temps de construction inférieur à une journée, une modularité exemplaire : tous les sujets phares de l’architecture contemporaine sont au rendez-vous. Au delà de l’effet de mode, nous avons essayé de comprendre l’avenir de Tikku auprès de son concepteur.
“Partout où une voiture peut se rendre, Tikku peut se rendre”, avance fièrement le site web du Casagrande Laboratory. Une référence à l’empreinte au sol pensée pour une ville post-automobile. “Tikku est une aiguille d’acupuncture urbaine, à la conquête du no man’s land automobile”, ajoute la présentation. Des ambitions que l’on retrouve dans les principes constructifs. “Une Tikku de 3 niveaux est construite en 4 heures approximativement. Sur une rue normale, elle n’a pas besoin de fondations”, nous explique Marco Casagrande. A cela s’ajoute une autonomie énergétique, réalisée grâce à des panneaux solaires, et des toilettes sèches pour éviter le raccordement au réseau traditionnel. “Tikku offrira un abri et des fonctions spécifiques, mais la plupart des services sont fournis par la ville autour”, ajoute l’architecte spécialisé dans le bio-urbanisme, qui décrit le projet comme “néo-archaïque”.
Il s’agit avant tout de proposer des options pour favoriser certaines transitions urbaines. “Tikku s’installe sur l’espace urbain aujourd’hui occupé par les parkings. C’est une stratégie pour ramener la ville à échelle humaine, à travers des interventions légères et modulaires”, précise Marco Casagrande. Une ambition qui se répercute également dans la conception du bâtiment, entièrement construit en bois lamellé croisé, un matériau 5 fois plus léger que le béton. En outre, chaque étage – pré assemblé en usine – remplit une fonction spécifique (chambre, serre, bureau, boutique, cuisine, sauna…) ce qui favorise la modularité et laisse imaginer une industrialisation de la production. “Les Tikkus peuvent êtres produites en masse et pour un coût relativement faible, elles ne nécessitent pas d’infrastructures industrielles spécifiques, tous les éléments sont normalisés”, explique Marco Casagrande qui estime le prix d’usine d’une maison à 13 000€ fenêtres comprises et un coût proche de 2000€ le mètre carré pour le client final. Le bois lamellé croisé est testé et certifié, de même que les fenêtres et les volumes, aux normes européennes. Du reste, l’architecte assume le positionnement iconoclaste de son projet : “Tikku questionne les régulations, ce n’est pas un immeuble d’habitation typique, on est face à quelque chose de nouveau”.