4 métiers du futur pour des territoires circulaires

Le développement d’une économie circulaire doit s‘accompagner de nouvelles compétences. Un “reskilling” à grande échelle qui touche en particulier le bâtiment.

Dans le cadre du Green Deal, l’Europe espère créer 700 000 nouveaux emplois dans l’économie circulaire d’ici 2030. Aujourd’hui, plus de 75% des emplois du secteur sont liés à la réparation. Alors que seulement 8,6% de l’économie mondiale peut être considérée comme “circulaire”, beaucoup de métiers restent à inventer. Au-delà de la réparation, les secteurs des déchets, des technologies, de la finance, des matières premières ou du design imaginent aujourd’hui de nouvelles manières d’exercer leurs professions. Leonard s’est projeté quelques années dans le futur autour de quatre métiers clefs.

 

Designer de sobriété 

Une étude très complète du Parlement Européen estime que 80% de l’impact environnemental d’un produit est déterminé dès sa conception. L’efficacité d’une démarche circulaire commence donc avec le design, qui devra intégrer l’ensemble du cycle de vie d’en projet. Le cabinet IDEO a imaginé un Guide du Design Circulaire, qui explore une vaste gamme de méthodes pour une conception plus vertueuse. Matériaux, biomimétisme, cycles de vie ou business models : toutes les facettes du design sont impactées.

Dans le domaine de la construction, le développement du BIM permet par exemple d’intégrer l’étape de déconstruction dès la conception des ouvrages. Dans ce contexte, le consortium BAMB travaille au développement des passeports matériaux, qui transforment chaque édifice en “banque” de ressources pour des réutilisations futures.

 

Mineur urbain 

“Nous pouvons cartographier le stock matériel de nos villes, et connaître l’ampleur de notre mine urbaine”, explique Aristide Athanassiadis, Docteur en Art de Bâtir et d’Urbanisme de l’Université Libre de Bruxelles, au micro de Leonard. Derrière ce concept de mine urbaine, on retrouve l’idée que le bâti actuel est une ressource pour demain. L’exploitation de cette matière première trop souvent ignorée demandera à l’avenir une expertise spécifique.

Contrairement aux mineurs traditionnels, ces nouveaux professionnels de la déconstruction ne passeront pas leur vie sous terre. Les démarches de métabolisme urbain s’appuient largement sur des outils informatisés, dans une logique “data driven”. Des villes comme Rotterdam ou Boulder mettent à profit des méthodes de Material Flow Analysis. D’autres comme Amsterdam font l’inventaire de leurs mines urbaines. Enfin, l’approche spatiale permet d’orienter la planification urbaine, en facilitant la connexion entre les flux et les opportunités business.

 

Trader de déchets

Pour se développer, l’économie circulaire doit imaginer de nouveaux modèles économiques et financiers. Dans l’ensemble, le traitement des déchets comme un flux à valoriser est amené à se développer. Avec lui, c’est tout une nouvelle famille de professionnels de la finance qui est en train d’émerger. BlackRock et la Fondation Ellen MacArthur ont récemment lancé le BGF Circular Economy, avec l’ambition d’investir dans un secteur d’avenir. De son côté, Closed Loop Venture se spécialise dans le domaine depuis 2014.

Ce mouvement accompagne l’émergence de nouveaux modèles économiques, directement liés à la circularité. La Ressourcerie du BTP, incubée chez Léonard, propose ainsi une plateforme de référencement et de réemploi de matériaux déposés lors de déconstructions. ”La plus grande difficulté pour un projet d’économie circulaire est de trouver le business model qui permette d’être rentable tout en changeant le marché dans lequel on intervient”, explique sa fondatrice Héloïse de Bokay. La Waste Marketplace, également incubée par Leonard, permet de sourcer en quatre clics les meilleurs prestataires sur l’ensemble du cycle de traitement des déchets. Des acteurs comme Cycle Up ou Backacia sont également bien implantés sur le marché du réemploi. Toutes deux fondées en 2017, ces startups misent sur leurs places de marché pour favoriser le réemploi des matériaux de construction dans les opérations immobilières et d’aménagement. Concrètement, elles proposent d’acheter et vendre des surplus de matériaux neufs ou issus de la déconstruction. Une manière de créer de la valeur tout en luttant contre le gaspillage.

 

Circular technologist 

Les métiers peu qualifiés de la réparation, comme ceux du vélo, constituent une manne d’emploi importante, en particulier dans le cadre des politiques locales ou d’insertion. Dans le même temps, les solutions techniques aux questions d’économie circulaire se complexifient et se perfectionnent rapidement. C’est dans ce contexte qu’interviendront de nouveaux experts, spécialisés dans les technologies du réemploi, du recyclage, ou des cycles de vie.

De l’IoT à la blockchain, en passant par le Big Data ou l’intelligence artificielle, tous les “buzzwords” de la technologie ont aujourd’hui un impact fort dans la construction d’une économie plus circulaire. Volvo utilise déjà la blockchain pour assurer la traçabilité du cobalt utilisé dans ses batteries. A travers la reconnaissance optique, Refind met l’IA au service du tri des déchets. L’utilisation de “digital twins” dans la construction permet de simuler la viabilité de certains matériaux recyclés. Le niveau de complexité de ces solutions plaide dès aujourd’hui pour le développement rapide de compétences techniques de plus en plus spécialisées…

 

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