CES 2018 : une vision de la ville de demain en pièces détachées

Pour la première fois de son histoire, le Consumer Electronics Show (CES) accueillait un espace d’exposition consacré à la smart city. De retour de Las Vegas, l’équipe de Leonard et le le consultant-auteur Olivier Ezratty ont passé en revue les grandes tendances qui façonneront l’espace urbain.

Lancé en 1967 à New York, le Consumer Electronics Show qui se tient désormais tous les ans en janvier à Las Vegas aura donc attendu l’édition 2018 pour proposer un espace dédié exclusivement à l’univers des smart cities. Mille mètres carrés d’innovations urbaines protéiformes qu’a explorées durant trois jours une délégation de VINCI emmenée par Leonard, la structure d’innovation de prospective du Groupe.

« C’est au CES que la plupart des grands constructeurs de l’informatique et de l’électronique font leurs lancements de produits, explique Philippe Dewost, directeur de Leonard. Quand vous avez des thématiques comme la smart city, vous allez donc forcément trouver des éléments qui vont permettre de nourrir les réflexions de prospective qu’on conduit chez Leonard pour le compte de l’ensemble du Groupe. »

 

 

Une centaine d’exposants pour une smart city façon puzzle

« Au CES, la smart city est en pièces détachées », raconte Olivier Ezratty*, consultant en stratégie d’innovation et visiteur régulier du CES depuis 13 ans, que Leonard avait invité au NUMA pour présenter les grandes tendances du salon. « On y trouvait des solutions adaptées à chaque besoin et à chaque secteur : les transports, les télécoms, la qualité de l’eau, la qualité de l’air, l’énergie… »

Parmi les solutions les plus tendances et plus visibles de la ville intelligente telle que le CES 2018 la donne à voir : les véhicules électriques, connectés et autonomes pour lesquels les constructeurs automobiles traditionnels vont devoir se réinventer totalement, voire changer de métier. « Les constructeurs automobiles vont passer d’une activité où ils étaient des intégrateurs à une autre où ils seront des opérateurs de flotte, analyse Philippe Dewost. Dans cette optique, les logiciels de cartographie et d’operating system, ou plus largement l’électronique complexe embarquée, seront des éléments de différenciation nettement plus déterminants que le moteur électrique. »

Ce déplacement, du hardware vers le software, répond à une concentration croissante de la valeur dans les services. Constructeurs et équipementiers se positionnent désormais comme opérateurs de services dans l’espace urbain. Ford a ainsi présenté au CES une solution de livraison autonome de pizzas tandis que Toyota dévoilait les plans de sa e-palette, une épicerie mobile connectée… Autre vedette en devenir des transports urbains, les drones taxis embarquant des passagers.
« On a pu en voir décoller un dans un théâtre de Las Vegas lors du keynote d’Intel, témoigne Olivier Ezratty. Il semble même qu’il sera déployé à Dubaï pour les liaisons entre la ville et l’aéroport… Et au cas où, ils ont prévu un parachute à bord ! »

 

La ville intelligente sera complexe

Au-delà des nouvelles technologies plus ou moins abouties mises en avant par la centaine d’exposants présents dans la zone d’exposition, CES a souligné la nécessité pour les villes d’avoir une approche globale de la smart city. « Pour avoir une vraie ville intelligente, il ne suffit pas de mettre un capteur de qualité de l’air ou de proposer un véhicule autonome, explique Olivier Ezratty. La smart city c’est d’abord une question de systèmes complexes qui intégreront les pouvoirs publics et un grand nombre d’acteurs industriels et de prestataires de services ». Une interconnexion entre les différents acteurs de la ville intelligente qui devrait d’ailleurs nécessairement accompagner le déploiement des véhicules autonomes. « Dans des environnements très denses comme les environnements urbains, l’infrastructure devra être en dialogue avec le véhicule dans un échange d’information réciproque, conclut Philippe Dewost. C’est un enjeu de sécurité majeur et un sujet industriel pour l’ensemble de l’Europe. 

 

* Chaque année, Olivier Ezratty rédige et publie un rapport complet de CES. Nous vous invitons à lire son dernier rapport : Rapport CES 2018.

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