« Forêt et filière bois : Trouver l’équilibre » (Compte-rendu d’événement)

Dans la construction, le bois est un atout face aux nouvelles normes environnementales et une ressource précieuse dans le cadre de la transition écologique. Aujourd’hui, l’enjeu est à la fois de préserver les forêts françaises, et donc leur potentiel de production, contre le réchauffement climatique et de massifier la construction bois en développant et optimisant l’écosystème de la filière.

Ce compte-rendu est tiré de l’événement « Forêt et filière bois de construction : Trouver l’équilibre » organisé le 7 janvier 2025 chez Leonard. Retrouvez le replay à la fin de cet article. 

Quels sont les perspectives et les enjeux d’avenir pour la filière bois ? Une question centrale à l’heure du double défi de la lutte contre le réchauffement climatique et des besoins en logements. Le bois est aujourd’hui plus que jamais une ressource considérée comme un des piliers de l’évolution de la construction, notamment sur les enjeux de durabilité. Dès lors, comment les acteurs de cette filière intègrent concrètement le bois dans leurs différents projets et comment peuventils développer des stratégies innovantes pour être au rendez-vous des promesses de performance et de durabilité ? 

Une forêt française à fort potentiel mais fragile 

Avant d’évoquer l’utilisation du bois dans la construction, encore faut-il cerner les enjeux climatiques et de souveraineté nationale liées à la gestion des forêts françaises. Brigitte Musch, coordinatrice nationale des ressources génétiques forestières à l’ONF (Office National des Forêts), brosse ainsi un tableau mitigé des ressources forestières en France : « la surface forestière française est en constante croissance. Avec 17,5 millions d’hectares en métropole et 8,2 millions en outre-mer, la France est le 4ème pays le plus boisé en Europe derrière la Suède, la Finlande et l’Espagne, juste avant l’Allemagne. En termes de diversité, le territoire compte 190 espèces d’arbres dont 142 espèces de feuillus. Mais son état se détériore. Pour la forêt publique par exemple, 300 000 hectares dépérissent et 50 000 hectares sont à reconstituer totalement. Le puits de carbone que représente la forêt française a été divisé par 2 en 10 ans notamment à cause du changement climatique ». 

Pour une meilleure gestion de la forêt et des déchets bois 

Les enjeux autour de la forêt sont considérables. De son exploitation raisonnée et optimisée dépendra sa capacité à répondre aux besoins croissants en bois notamment en matière de construction. La construction bois représente aujourd’hui un peu plus de 10% de la consommation du bois d’œuvre. Or les besoins devraient augmenter d’environ 40%. Actuellement, le secteur produit chaque année 52 millions de mètres cubes de bois. Mais le marché en consomme 78 millions et à terme 92 millions. Même si l’augmentation de la production devrait atteindre les 63 millions, il en manquera à peu près un tiers. « Il est cependant possible de relever ce défi en exploitant mieux l’accroissement biologique de la forêt et en réintroduisant plus de bois en fin de vie, y compris ceux issus de l’industrie », explique Isabelle Spiegel, directrice de l’environnement de VINCI. 

Construction et mixité des matériaux 

Les acteurs de la construction œuvrent en ce sens. Chez VINCI Construction, la vision de la construction bois s’inscrit dans une stratégie axée autour de trois enjeux. « Le premier est la décarbonisation de notre propre activité (-40% d’émissions de CO2 et -20% sur les émissions de notre Scope 3 à l’horizon de 2030), le deuxième enjeu est la décarbonation du parc immobilier de nos clients et le troisième est d’ordre réglementaire avec des normes de plus en plus exigeantes », explique Rémy Lefeuvre, directeur des Ressources Techniques Opérationnelles de VINCI Construction, « il est donc essentiel d’utiliser le bon matériau au bon endroit. Pour VINCI Construction, la solution passe par la mixité des matériaux. Nous n’opposons donc pas bois et béton. La décarbonisation implique un béton bas carbone que nous développons depuis maintenant cinq ans avec un objectif de 90% de béton bas carbone d’ici 2030. Le bois, lui, a un effet complémentaire positif dans le calcul des émissions de gaz à effet de serre de nos opérations ». Le Groupe s’appuie dans ce domaine sur sa propre société spécialisée dans la structure bois, Arbonis, forte d’une expérience de plus de 20 ans. « L’idée désormais est de passer d’un marché de niche à une massification de la construction bois afin d’accélérer la mixité des matériaux dans nos projets », avance Rémy Lefeuvre.

L’enjeu de la massification de la construction bois 

Ce pari du passage à la massification ne sera atteint que si toute la filière se mobilise et agit de concert vers le même objectif. Selon Isabelle Spiegel, cela ne sera possible que si tous les acteurs se concentrent sur quatre actions prioritaires : « la conservation de la forêt avec de gros enjeux en termes de stockage de carbone, de biodiversité et d’équilibre économique, le développement des compétences autour des savoir-faire en construction et des gestes liés au bois, le passage à l’échelle avec la massification de la construction bois qui passe notamment par la capacité à surmonter les freins réglementaires et normatifs et enfin la mise en œuvre de tout un écosystème autour de la construction bois pour le passage à une niveau industriel. Sur ce dernier point, tout est une question d’équilibre ».   

Pour Nicolas Volckaert, directeur Juridique & Affaires Institutionnelles d’EGF BTP, animateur de la commission Nouveaux Modes Constructifs et Nouveaux Bâtiments, « la bonne nouvelle, c’est que tous les acteurs avancent déjà dans la même direction et surtout accélèrent. On va vers des bâtiments de plus en plus complexes avec la nécessité de repenser le process du chantier du fait notamment de la fabrication hors site ». 

Paul Sachot, chargé de mission Expérimentation et Financement à la direction de l’Aménagement et de l’Habitat Durable d’Est Métropole Habitat le résume finalement :  « Ce n’est pas une mise à jour du logiciel, c’est un changement de paradigme » qu’il reste à faire advenir. 

Le Replay

 

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