[Compte-rendu] « Net zero : les promesses de l’élimination du carbone atmosphérique » (11 octobre 2022)

L’élimination du carbone atmosphérique (en anglais Carbon Dioxide Removal, CDR) désigne un ensemble de technologies visant à retirer du CO2 de l’atmosphère et à le stocker durablement dans des réservoirs géologiques, terrestres ou océaniques, ou dans des produits » (définition du GIEC). Compte-rendu d'événement sur ce secteur émergent des climate tech.

Présentation

Selon le dernier rapport du GIEC, les technologies d’élimination du carbone dans l’atmosphère ont un rôle à jouer pour atteindre la neutralité carbone, en complément d’une décarbonation rapide et profonde de l’économie. L’élimination du carbone atmosphérique recouvre une large palette de méthodes à divers stades de maturité. En quoi consistent ces procédés ? Quels sont les enjeux et perspectives du développement de ces technologies ? Pour quels besoins de financement/réglementation et quels modèles économiques ?

En partenariat avec Zenon Research, Leonard organisait le 11 octobre 2022 un événement pour mieux connaître ce secteur des climate tech, qui attire de plus en plus d’investisseurs et qui a fait l’objet d’une note « Élimination du carbone atmosphérique » publiée en juillet 2022 par Carbon Gap, Zenon Research et Mines PSL.

Les intervenants de la soirée

Greg De Temmerman, Managing Director, Zenon Research & Associate Researcher, Mines Paris – PSL

Elodie Le Cadre Loret, Responsable des programmes de recherche, Engie Research & Innovation

Benjamin Tincq, Founding Partner de Marble et membre du comité de direction de Carbon Gap.

L’essentiel 

  • L’élimination du carbone atmosphérique sera nécessaire pour atteindre la neutralité carbone. Elle ne se substitue en aucun cas à des réductions drastiques d’émissions, et vient seulement en complément. 
  • Il existe une grande diversité de solutions : afforestation, carbone bleu, biochar, capture directe dans l’air (DAC), bioénergie avec capture (BECCS), solutions liées à l’océan… 
  • Pour avoir un impact réel sur la concentration de CO2 atmosphérique, ces solutions devront être déployées à grande échelle, de l’ordre de plusieurs milliards de tonnes de CO2 éliminées chaque année d’ici 2050 (selon le GIEC, 5-16 GtCO2). 
  • Aucune des solutions ne pourra à elle seule fournir des émissions négatives à l’échelle voulue : il faudra développer un ensemble de solutions échelonné dans le temps et suivant les spécificités des contextes locaux d’implémentation. 
  • Si l’industrie en est encore à ses débuts, ces dernières années ont vu la création d’un écosystème dynamique et riche d’entreprises et start-ups travaillant sur l’ensemble des méthodes. 

 Ce qu’on a retenu des échanges 

  • Si les solutions fondées sur la nature (forestation, restauration d’écosystèmes…) présentent de plus grandes incertitudes quant à leur permanence, elles sont aussi vecteur de nombreux co-bénéfices. Elles ont toute leur légitimité et auront un rôle clé à jouer. 
  • La permanence est un enjeu majeur, autour duquel subsistent encore de nombreuses interrogations. De multiples approches envisagées : buffer pools, suivi dynamique de la séquestration, discounting… 
  • La MRV (measurement, reporting, verification) est un sujet montant, permettant de s’assurer que la séquestration a bien lieu conformément aux attentes des projets (intégrité environnementale). 
  • Les réflexions autour du passage à l’échelle pourraient s’inspirer du développement des énergies renouvelables : outils (subventions, taxes), innovation (taux d’apprentissage, R&D), planification… 
  • Il est important de s’assurer de la bonne compréhension du rôle vital mais limité du CDR : la priorité est de réduire drastiquement les émissions, le CDR ne viendra qu’en complément pour compenser les émissions résiduelles. 
  • La capture du CO2 avant émission (CCS) n’est pas en concurrence avec le CDR, de par les objectifs différenciés des deux approches – respectivement réduction d’émissions et émissions négatives. Ces solutions sont complémentaires. 
  • La capture du méthane atmosphérique semble plus complexe à mettre en place (concentration plus faible dans l’atmosphère), et est a priori moins envisageable – il reste cependant d’importants efforts à faire pour réduire les émissions en premier lieu (énergies fossiles, zones humides, élevage). 

 Les points clés pour avancer sur le sujet 

  • Mettre l’accent sur la R&D pour réduire les incertitudes et les coûts. 
  • S’assurer de la bonne compréhension des enjeux et du rôle du CDR. 
  • Développer l’ensemble des solutions possibles. 
  • Développer l’écosystème CDR à travers une approche pluridisciplinaire. 

 

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