« Que feriez-vous si vous pouviez construire une ville à partir de rien ? ». Dan Doctoroff, CEO de Sidewalk Labs, prépare sur les rives du lac Ontario la réponse à cette question qu’il posait aux étudiants de l’Université de New York en 2016. C’est en effet à Toronto que l’entreprise américaine, filiale du géant Alphabet, a été retenue en 2017 pour construire et aménager un quartier intelligent sur une friche désindustrialisée.
Mais Sidewalk Labs se heurte depuis la genèse du projet à une virulente opposition. La « Google City » déplaît aux Torontois, inquiets du sort de leurs données personnelles dans ce quartier futuriste truffé de capteurs, outrés par l’audace de Sidewalk Labs lorsque celle-ci réclame, en juin 2019, la création d’agences publiques dédiées et l’adoption de nouvelles réglementations, ou encore lorsqu’elle crée de toutes pièces un concept juridique inédit, celui des données urbaines, au mépris des lois canadiennes.
L’affaire Sidewalk Labs contre Toronto est emblématique des tensions que suscite l’arrivée des acteurs de l’économie de plateforme dans le domaine de la fabrique urbaine. Entre aménageurs et algorithmes, l’antagonisme est-il inévitable ? Entre négociation, encadrement, régulation et rejet, quelles stratégies les villes peuvent-elles adopter face à l’hyperpuissance des GAFAM et aux ambitions urbaines toujours plus marquées des plateformes ?
À l’occasion de la présentation des vœux de La Fabrique de la Cité, Chantal Bernier, National Practice Leader, Privacy and Cybersecurity, Dentons Canada LLP, Sébastien Soriano, président de l’ARCEP, et Cécile Maisonneuve, Présidente de La Fabrique de la Cité, échangeront sur l’incursion des acteurs de la tech dans la fabrique urbaine au cours d’une discussion modérée par Jean-Marc Vittori, éditorialiste aux Échos. Ce débat sera précédé d’une présentation du portrait de ville de Toronto de La Fabrique de la Cité par Marie Baléo, responsable des études et des publications à La Fabrique de la Cité.