La lutte contre l’obsolescence programmée semble être l’un des grands combats de notre siècle. En matière d’urbanisme, cela se traduit par la volonté de bâtir des infrastructures et des réseaux « résilients » et durables, capables d’absorber les chocs (climatiques notamment) et de retrouver un nouvel état d’équilibre. Mais, la résilience tient-elle uniquement dans la robustesse et la durabilité ? Pourrait-on imaginer une ville impermanente, en évolution constante, sensible aux volontés citoyennes et aux chocs ?
Dès les années 1960, le groupe d’architectes anglais Archigram, sous la coupe de Peter Cook, imagine sa « Plug-in City », mégastructure modulable en constante évolution. Si ce projet d’« architecture sans architecture » est resté à l’état théorique, les exemples pratiques existent bel et bien (urbanisme transitoire, ZAD, urbanisme tactique, festivals) et répondent à l’appel de Guillaume Logé « d’écarter la résistance au profit de l’adaptation » (Renaissance sauvage, PUF, avril 2019). Black Rock City, la ville qui renaît chaque année en plein désert pour accueillir le festival de musique du Burning Man, en est le parangon. Partout, des « territoires-laboratoires » naissent, et la figure des cabanes (Nos Cabanes, Marielle Macé, Verdier, 2019) refait surface comme habitat souhaitable. Nous proposons d’explorer ces modèles, de penser leurs atouts et leurs défis, et d’estimer leur possibilité d’adaptation à l’échelle d’une ville. Comment se construisent-ils ? Avec quelles ressources et quels matériaux ? Comment les habitants se les approprient-ils ? Quelles relations nouent-ils avec les chocs climatiques, démographiques et sociaux qui les traversent ?
Demain, la ville résiliente sera-t-elle impermanente, légère et transitoire ?
Panel :
- Kerry Rorhmeier, géographe, San Jose University
- Raphaël Coutin, designer en charge de la communication du projet Plug-in-City, Eindhoven
- Cécile Diguet, chercheuse à l’IAU, spécialiste de l’urbanisme transitoire
- Antoine Aubinais, Collectif Bellastock