L’anthropocène caractérise l’époque de l’histoire de la Terre qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l’écosystème terrestre. Or, les humains sont aujourd’hui, dans une vaste mesure, urbains : en 2017, 55% de la population mondiale vivait en ville, selon la Banque Mondiale. Certains vont même jusqu’à parler d’urbanocène pour souligner l’impact de cette prépondérance.
Il s’agit désormais d’adapter nos villes à ce qui n’est plus une crise, mais bien un « nouveau régime climatique », parti pour durer, pour reprendre les termes de l’anthropologue Bruno Latour. Le « métabolisme urbain » (ici celui de Paris), cet ensemble de flux faisant la ville, doit ainsi être considéré sous un nouveau prisme afin d’imaginer un faisceau de villes potentielles.
Devant l’accélération du déclin de la biodiversité (rapport IPBES 2019), faut-il alors se résigner à « un futur sans nature », comme le titrait le manifeste du Muséum National d’Histoire Naturelle en 2017, et officialiser la vision d’une ville soutenable entièrement artificialisée ? Au contraire, faut-il dépasser le clivage nature – culture, sous l’impulsion des travaux de Philippe Descola et réhabiliter les stratégies de ré-ensauvagement ? Comment cela se traduirait-il concrètement ? De quels outils disposons-nous pour limiter l’impact environnemental des villes et ré-harmoniser leurs rapports avec leur environnement ?
Vitruve l’énonçait déjà en 1673 dans De architectura : « Quand on veut bâtir une ville, la première chose qu’il faut faire est de choisir un lieu sain ». L’anthropocène nous enjoint à redéfinir ce qu’est un « lieu sain » en dépassant notre anthropocentrisme.
Panel provisoire :
- Bastien Kerspern, agence Design Friction
- Fanny Lopez, CNRS