Infrastructures de recharge : un défi de taille pour les villes

Oxford vient d’annoncer sa volonté de devenir la première ville du Royaume-Uni à interdire la circulation dans son centre des véhicules à moteur thermique, d’ici à 2020.*

Une initiative qui fait écho aux récentes déclarations de la mairie de Paris, confirmant que la capitale française visait quant à elle leur interdiction à horizon 2030 (Reuters). Si les initiatives contraignantes se comptent encore sur les doigts d’une main, beaucoup de pays misent sur la voiture électrique pour atteindre leurs objectifs en matière de réduction des émissions polluantes. Cette transition ne concerne pas uniquement les propriétaires de véhicules. Il s’agit avant tout d’un défi énergétique et urbanistique pour les villes et leurs infrastructures.

Des milliards d’investissement nécessaires

Pour développer l’usage de l’électrique, les villes vont devoir multiplier les bornes de recharge. Plusieurs rapports estiment en effet que l’inadéquation des infrastructures actuelles constitue un frein au déploiement de la voiture électrique, notamment au Royaume-Uni (Clean Energy News). En France, le coût total des investissements nécessaires s’élèverait entre 25 et 35 milliards d’euros d’ici 2050 (France Stratégie 2017-2027). A l’échelle de la planète, le montant de 2 700 milliards de dollars est avancé, pour permettre à 500 millions de véhicules électriques de disposer d’infrastructures de recharge (Technology Review).

Des contraintes d’espace et de réglementation

Comme l’attestent les difficultés rencontrées par la Chine (City Lab), un déploiement efficace ne peut s’affranchir d’une réflexion globale, en mesure de faire converger des problématiques liées au nombre global d’infrastructures nécessaires, à leur répartition sur les territoires, à leur emplacement au sein du réseau routier ainsi qu’à leur interopérabilité en matière de technologie (The National Renewable Energy Laboratory). En termes d’espace disponible, les centres urbains font face à une difficulté supplémentaire. Car si les géants pétroliers comptent proposer des bornes de recharge sur leur réseau de stations-service, les grandes villes en sont bien souvent dépourvues (Clean Technica). Restent les parkings souterrains, dont les opérateurs pourraient engager la reconversion. Mais attention, un cahier des charges particulièrement strict y encadre l’implantation des bornes de recharge, préconisant notamment, en France, que seuls les étages supérieurs des parkings puissent en être équipés, afin de garantir la maîtrise des risques d’incendie (Economie.gouv.fr).

La nécessité d’une gestion intelligente des pics

Un autre enjeu crucial concerne l’appel de puissance électrique, qui pourrait être considérable en cas de concomitance des recharges. Ainsi, 30 millions de véhicules se rechargeant en même temps à 19 heures nécessiterait une puissance supplémentaire de 90 GW, soit un quasi doublement de la demande d’électricité en France en heure de pointe (France Stratégie 2017-2027). Toutefois, la technologie “vehicle-to-grid” (V2G) pourrait répondre à cet enjeu, en ré-injectant l’électricité contenue dans les batteries dans le réseau durant leur période de stationnement (Transport Shaker). Enfin, chacune de ces réflexions devra anticiper la possible simultanéité d’un autre phénomène, dont l’avènement promet de transformer radicalement les usages de la mobilité : la voiture autonome.

*http://mashable.com/2017/10/13/oxford-city-centre-zero-emission-zone-2020/#PxjBo4FVzSqK

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