La qualité de l’air : un défi à tous les étages de la ville

Pour la deuxième édition du festival Building Beyond, Leonard, La Fabrique de la Cité et la Fondation VINCI pour la Cité ont réuni pendant deux semaines 70 faiseurs de villes, chercheurs, architectes, ingénieurs et artistes pour questionner les échelles des villes et penser ainsi l’avenir des territoires et des infrastructures.

Particules fines, monoxydes de carbone, épisodes de pollution à répétition… La pollution de l’air est un enjeu sanitaire mais aussi une problématique éminemment urbaine, la concentration du trafic favorisant la multiplication des épisodes de crise. Comment analyser au mieux le phénomène pour prévenir les pics futurs ? Et quelles solutions mettre en place pour améliorer la qualité de l’air, dans nos rues comme dans nos intérieurs ?
Lamia Mallet, Jean-Louis Fréchin, Frédéric Mahé, Jaouad Zemmouri et Vincent Fesquet ont présenté leurs solutions pour un air plus respirable.

A l’intérieur comme à l’extérieur, contrôler la qualité de l’air pour mieux agir

L’air intérieur est 5 à 10 fois plus pollué que l’air extérieur, constate Lamia Mallet, fondatrice de Cozy Air. Une pollution qui coûte près de 19 milliards d’euros et 12 000 vies par an, avec un impact non négligeable sur la durabilité du bâtiment, notamment avec une hausse des coûts de maintenance. Partant de ce constat, Cozy Air propose un appareil intégrant un capteur pour chaque polluant et chaque gaz non dangereux pouvant éventuellement troubler notre concentration, comme le Co2. Les espaces de bureaux représentent un marché porteur pour le suivi de la qualité de l’air, avec 700 000 millions de mètres carrés de bâtiment existants, et une croissance de 4 millions par an. L’appareil de Cozy Air permet de détecter les polluants pour adapter la ventilation et la maintenance en fonction des indicateurs. L’appareil peut ainsi être connecté à d’autres objets, tels que les climatiseurs, pour permettre de réduire la consommation d’énergie. A terme, Cozy Air ambitionne de faire de la maintenance prédictive grâce à son appareil.

Lamia Mialet
Lamia Mialet, cofondatrice de CozyAir

« Le problème de l’air, c’est qu’il est invisible, commence Frédéric Mahé, d’Aria Technologies. Mais grâce à la modélisation, non seulement on peut le rendre visible, mais on peut aussi le rendre compréhensible. » Les rues peuvent ainsi être plus polluées en raison de la proximité des bâtiments, empêchant la dispersion de la pollution et formant ainsi un « effet canyon » aisément repérable par les outils de cette société de modélisation, qui nourrit en données l’ensemble des acteurs qui se penchent sur la qualité de l’air. L’entreprise est l’un des acteurs du Projet DIAMS de la métropole Aix-Marseille, dont le but est de briser le fonctionnement en silo de l’industrie pour créer un capteur citoyen et collectif.

 

Améliorer la qualité de l’air avec des plantes et des machines

Pour Jaouad Zemourri « d’un point de vue physique, toutes les molécules sont nobles ». Cet ancien professeur de physique a créé Starklab, une société de dépollution de l’air. Son produit est impressionnant : le Terroa dépollue l’air en la mettant en contact de l’eau et en la faisant bouillir. Les particules passent ainsi d’une masse d’air polluée peu contrôlable à un faible volume d’eau traitable. Un procédé qui permet quelques fois de récupérer des éléments précieux, tels que des molécules d’or. Cette station peut ainsi traiter la fumée, recycler certains produits, voire réinjecter l’eau traitée dans l’industrie. Le produit est actuellement en phase d’expérimentation dans la station de Hoche et peut traiter jusqu’à 1 million de mètres cubes pour une surface de 15 mètres sur 2 mètres.

La solution de MVAW Technologies, présentée par son fondateur Vincent Fesquet, propose aussi un procédé de traitement de l’air grâce à un substrat rempli de microorganismes qui filtre également les particules fines. Sa solution peut autant être déployée comme du mobilier que sur les façades. Ce substrat peut ensuite être végétalisé.

Jean-Louis Fréchin No Design
Jean-Louis Fréchin, fondateur de No Design, présente le projet AirO

Un objet ludique pour sensibiliser et ouvrir le débat

Jean-Louis Fréchin, designer et fondateur du cabinet NoDesign, a pris le parti d’alimenter le débat grâce à AirO, un objet connecté et ludique. La création est simple : un badge composé de capteurs et d’un écran. Quand les capteurs repèrent une pollution de l’air trop conséquente, l’écran affiche des messages aussi étonnants qu’éloquents : « Ça pue », « on suffoque », « fuis ! »…

Ce dispositif a pour objectif de mettre le débat sur la place publique. Il se double d’une application qui recense les niveaux de pollution autour des porteurs du badge, avec une explication de ce qui est mesuré. L’idée est de crée un Waze, sorte de carte évolutive de la pollution de l’air, autant intérieur qu’extérieur.

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