Avec une pointe à 86m et des projets dépassant les 180m de hauteur, la construction bois semble avoir levé un verrou majeur pour s’inviter dans la ville dense : celui de la hauteur.
Pour construire la ville du futur sans dilapider les ressources, l’utilisation du bon matériau au bon endroit est essentielle. Dans ce mix subtil, le bois prend une place centrale.
Il s’inscrit dans une conception de la ville plus modulaire et compacte, en facilitant par exemple les surélévations. Son potentiel écologique séduit également dans un espace urbain en quête de décarbonation. Il laisse par ailleurs imaginer une multitude de nouveaux usages en core à inventer.
Ce constat a poussé Leonard à imaginer 4 projections dans un futur proche pour le bois en ville.
Les habits neufs de la cellulose : le bois réinventé
Et si l’avenir du bois tenait dans son hybridation ?
C’est le pari d’un certain nombre de start-up, qui mettent à profit leurs compétences en chimie pour inventer des biomatériaux à base de bois.
Inventwood, Woodoo ou Strong by Form, en modifiant la structure du bois, proposent des produits présentés comme plus résistants que l’acier.
D’autres, comme TimberRoc, invitent le bois dans des cocktails inattendus. En proposant un béton de bois composé à 80 % de granulats de bois incorporés à du ciment et à de l’eau, ce produit permet de valoriser les chutes de scierie et affiche une empreinte carbone négligeable.
Dans le même ordre d’idée, Sprwood associe fibres de bois recyclées avec un liant issu de déchets de laitiers pour proposer des panneaux destinés au design d’intérieur.
Plus inattendu encore, CarbonScape imagine une “biographite” issue de bois durable destinées aux batteries des véhicules électriques.
Si le bois a de l’avenir, il ne s’écrit peut-être pas toujours sous la forme de panneaux, de poutres et de planchers !
Le bois de la résilience
Le shinbashira désigne le pilier central qui traverse les pagodes traditionnelles japonaises. C’est un élément clef dans la résistance de ce type d’édifices aux tremblements de terre. La souplesse du bois a toujours constitué un avantage significatif face aux séismes, et les structures récentes – même hautes – démontrent les mêmes qualités.
La forte ductilité du bois en fait également un bon allié face aux vents les plus forts. Le Hangar 4 de Air New Zealand, qui doit devenir une des plus grandes arches en bois d’une seule travée au monde, accepte ainsi un mouvement de l’ordre de 300mm en conditions extrêmes !
À l’image du roseau de la fable, la ville-bois du futur est peut-être celle qui apprend à plier pour ne pas rompre.
Le bois où on ne l’attend pas
Souvent présenté comme un matériau traditionnel ou de confort, le bois est en train de se réinventer en matériau de haute performance.
À ce titre, il s’invite dans une multitude de secteurs où on ne l’attend pas nécessairement.
LignoSat, petit satellite développé par l’Université de Tokyo et JAXA, vient d’arriver sur la station spatiale internationale, où il doit réaliser une série de tests. Si ces derniers sont concluants, les satellites en bois pourraient contribuer à limiter la pollution lumineuse du ciel, tout en proposant une alternative “biodégradable”, capable de se consumer lors de la réentrée dans l’atmosphère.
Plus terre à terre, les pylônes d’éoliennes en bois lamifié construits par Modvion pourraient participer à limiter les émissions liées à la construction des infrastructures éoliennes.
Dans le quotidien des particuliers, les cadres de vélo en bois de Renovo ou en bambou chez Bamboocylces se révèlent performants. Cette redécouverte du bois suscite un intérêt du secteur de la recherche qui cherche à en valoriser les propriétés.
Des chercheurs du MIT ont ainsi montré que les essences de pin ou de Ginkgo permettent de fabriquer des filtres à eau low tech particulièrement efficaces contre E. coli ou le rotavirus.
Le bois, si nous parvenons à le faire sortir de sa zone de confort, devrait continuer à nous surprendre dans les années à venir !
Une forêt future-proof
Quels seront les grands enjeux d’avenir pour une gestion raisonnée des forêts ?
Si les inconnues restent nombreuses, un certain nombre de thématiques s’imposent. Pour les arbres comme pour les humains, l’exode climatique est une réalité à laquelle il est nécessaire de s’adapter.
À travers le projet Giono, l’ONF propose ainsi de lutter contre la disparition des peuplement menacés en organisant leur migration. Cette méthode, qui permet de préserver la capacité de séquestration du CO2, pourrait être couplée avec la mise en place de crédits carbone.
C’est ce que développe La Belle Forêt, en associant les entreprises à la protection des forêts sur le modèle du pollueur-payeur. Quelles que soient les solutions mises en place, la question de la surveillance des forêts est amenée à se poser de manière plus prégnante.
L’utilisation du LiDAR – à travers des solutions comme Yellow Scan ou le projet de modélisation du territoire français conduit par l’IGN – constitue ainsi une petite révolution pour identifier les peuplements et quantifier la ressource.
Qu’elle soit écosystémique ou technologique, l’innovation est un levier majeur pour l’avenir de la sylviculture.