Le double numérique de leonard:paris, source d’inspiration artistique

Dans le cadre d’une résidence artistique avec Leonard, la plasticienne Justine Emard a exposé pendant Building Beyond 2023 les premiers fruits d’une recherche baptisée Double in silico. Au cœur de ce dispositif numérique interactif : le double numérique du bâtiment de Leonard:Paris.
Justine Emard

Pouvez-vous décrire votre approche artistique ?

Je crée des formes, des dispositifs, des installations à l’intersection de plusieurs disciplines et champs scientifiques, comme les technologies de perception, l’automatisation, la robotique, la réalité virtuelle, l’intelligence artificielle ou les neurosciences. Mon travail associe souvent différents médiums visuels : de la photographie à la vidéo en passant par la réalité virtuelle. Toujours au service de ce qui m’intéresse au premier chef : la rencontre entre les modes de langage et d’apprentissage de l’homme et ceux de la machine, les expériences de deep learning et l’émergence de nouvelles formes de vie.

Quelle est la teneur de l’installation Double in silico réalisée dans le cadre de votre résidence artistique chez Leonard ?

Le terme “in silico” (en silice) est un néologisme créé dans les années quatre-vingt-dix et emprunté à la biologie numérique, par analogie avec les expressions in vivo (expérimentation sur le vivant) et in vitro (expérience en laboratoire). J’ai souhaité mener une expérimentation autour du double numérique, en utilisant la vraie maquette numérique du bâtiment de Leonard:Paris développé par la start-up Arsenio (résidente chez Leonard), Mon souhait était d’explorer les relations complexes entre l’architecture, la technologie et l’expérience humaine.

Vue de Double in silico de Justine Emard

Comment le public entre-t-il dans une installation de ce type ?

Au fil de mon parcours artistique, j’ai beaucoup travaillé autour du jeu vidéo. Cette fois-ci encore, j’ai souhaité proposer une expérience ludique.

Le spectateur est invité à actionner un joy stick pour se déplacer dans le double numérique par le truchement d’un avatar. J’ai donné à ce dernier l’apparence d’un petit personnage luminescent, mi-abstrait, mi-humain, pour que chacun puisse s’y identifier. Je voulais m’écarter des inspirations ultra-réalistes que l’on retrouve dans pas mal de jeux parfois violents.

Exploration de Double in Silico pendant le festival Building Beyond

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans le double numérique et sa capacité de transformation ?

D’un point de vue artistique, c’est de pouvoir simuler le réel grâce à la maquette numérique. Et un réel que les gens ont déjà expérimenté pour de vrai. Le double numérique permet en effet de proposer au spectateur- visiteur de refaire virtuellement le parcours qu’il a déjà effectué quelques minutes auparavant en entrant dans le bâtiment et en se rendant jusqu’à l’écran. En actionnant le joystick, il se promène à nouveau dans les lieux, mais un peu comme dans un rêve, en traversant des espaces entremêlés de faisceaux lumineux, qui sont en quelque sorte les veines et les tissus organiques du bâtiment.

Envisagez-vous d’intégrer la maquette numérique dans vos prochains sujets de recherche et de création ?

Le travail mené en résidence chez Leonard m’a ouvert des horizons. Je le considère d’ailleurs comme un projet encore en cours de développement. Il serait par exemple intéressant de travailler sur les données produites par les capteurs du bâtiment et sur leur interaction en temps réel avec l’œuvre et l’expérience proposées.

 

Double in silico de Justine Emard

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