Mobilité, énergie, infrastructures : quand l’IA se matérialise au GITEX

>
Le Gitex 2025, vitrine du soft power technologique des Émirats arabes unis, a réuni à Dubaï plus de 6 500 exposants et 200 000 visiteurs venus du monde entier. L’édition a surtout illustré comment l’IA s’ancre désormais dans le réel, des villes aux industries.

La « Physical AI » : une vision du futur de la mobilité et de la ville

Dans les allées du Gitex 2025, la vision bien “physique” de l’IA et de ses applications était notamment incarnée par K2, une entreprise      financée et contrôlée par les Emirats : celle-ci présentait unécosystème d’automatisation intelligente, comprenant notamment des taxis et véhicules de livraison autonomes développés par sa filiale Autogo. L’entreprise indique que ces solutions sont passées du concept à l’expérimentation sur route en seulement six mois.

La “physical AI” et l’AIoT [“Artificial Intelligence Of Things”] deviennent les infrastructures invisibles de la société moderne, remodelant la mobilité, la sécurité, l’agriculture, l’énergie et la santé. Chez K2, nous considérons l’IA non pas comme un outil de back-office, mais comme le système nerveux d’un monde plus intelligent,” explique Waleed Alblooshi, le directeur de la communication de K2, qui ajoute : “Des véhicules autonomes qui naviguent sans intervention humaine aux robots humanoïdes qui s’adaptent aux environnements réels, nous assistons au passage d’une automatisation passive à une intelligence réactive intégrée dans le monde physique”.

Cette évolution vers une IA de plus en plus “physique” n’est bien sûr pas l’apanage des entreprises du Golfe : un “German Pavilion” regroupait cette année une vingtaine d’entreprises allemandes positionnées sur les sujets d’IoT, de capteurs, de cyber-sécurité et d’automatisation pour l’industrie, tandis que des grands groupes comme Siemens, Bosch, Schneider Electric ou encore Ericsson présentaient aussi leurs innovations en la matière.

La question de l’énergie : Abu Dhabi présente sa plateforme AD.WE

Pour déployer à l’échelle cette “IA physique” à l’échelle des villes ou de l’industrie, la question de l’énergie est particulièrement cruciale. Elle l’est à double titre : il s’agit à la fois d’optimiser la consommation des ressources grâce à l’IA, tout en adoptant des solutions d’IA aussi sobres et efficientes que possible.

Sur ce sujet, l’Abu Dhabi Department of Energy présentait sur le salon une solution d’optimisation énergétique fondée      sur l’IA et alimentée à 100 % par de l’électricité décarbonée. Cette plateforme, nommée AD.WE, centralise des milliards de données issues des réseaux énergétiques et hydriques d’Abu Dhabi dans un cloud sécurisé hébergé localement. Grâce à l’IA, l’objectif est      d’identifier rapidement des opportunités d’optimisation, avec des économies potentielles allant jusqu’à 30% sur la consommation d’eau et 20% sur l’énergie.      

Présente également sur le salon, la startup française Vsora promeut également une vision plus efficiente de l’IA. Moins de six mois après une levée de fonds de 40 millions d’euros, elle vient de présenter une puce d’inférence destinée aux data centers, avec une consommation réduite de 50% par rapport aux puces actuellement leaders du marché.

La course aux infrastructures : l’exemple du cluster Stargate UAE

Autre enjeu qui rappelle à quel point l’IA est bien physique : les besoins en data centers et en infrastructures qui les accompagnent. Les grands fournisseurs cloud – Google, AWS, Microsoft… – étaient particulièrement visibles sur le salon, tout comme les fournisseurs de solutions hardware permettant le déploiement de modèles “Cloud&AI as-a-service”, comme Cerebras, Supermicro, IBM ou Vertiv.

Dans la région, un chantier majeur est d’ailleurs porté par l’entreprise émiratie G42, qui est tout à la fois positionnée sur les puces, les data centers, les modèles d’IA et les services associés… À l’occasion du Gitex, G42 a fait le point sur le chantier de Stargate UAE, un cluster d’infrastructure d’IA de 1 GW en cours de développement à Abou Dabi au sein du campus ÉAU–États-Unis de 5 GW, investissement estimé à près de 250 milliards USD de CAPEX.

Développée pour appuyer l’expansion de l’infrastructure d’IA à l’échelle nationale, l’installation est présentée comme une pierre angulaire de l’écosystème d’IA des Émirats arabes unis. Sa livraison est prévue pour 2026.

Mais les Emirats arabes unis ne se contentent plus de bâtir leur puissance technologique sur leur propre sol : ils exportent désormais leur modèle d’intégration entre IA et data centers à l’international, à l’image des stratégies menées par les États-Unis ou la Chine. Dans cette logique d’expansion mondiale, le fonds souverain MGX, en partenariat avec BlackRock, Microsoft et NVIDIA, a récemment annoncé le rachat du groupe Aligned Data Centers pour un montant d’environ 40 milliards USD, consolidant ainsi la position des Émirats comme acteur central de l’économie mondiale de l’IA et du cloud.

À noter : à l’occasion du salon, G42 a également annoncé son intention de lancer son cloud souverain d’intelligence artificielle en France dans les prochains mois, dans le cadre de l’initiative “AI Factories Antennas”, destinée à développer des superordinateurs d’intelligence artificielle dans plusieurs pays européens.

Partager l'article sur