En février 2023, Leonard et VINCI ont publié un rapport intitulé “Santé, sécurité et prévention : risques émergents dans les métiers de la construction et des infrastructures”, avec un triple dessein : établir une cartographie des nouveaux risques, comprendre comment ils peuvent transformer les métiers, les méthodes et les organisations du groupe, proposer des pistes de réflexion quant aux actions à mener pour gérer, prévenir et maîtriser ces nouveaux phénomènes. Dans cet épisode du podcast sur les nouveaux enjeux de santé et de sécurité dans le secteur du BTP et des infrastructures, Pierre-Yves Bigot, coordinateur Santé Sécurité chez VINCI, explique les raisons de cette démarche prospective et revient sur certains de ses enseignements.
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La construction, secteur particulièrement accidentogène
La construction est le secteur le plus accidentogène en France, avec un taux de 56 accidents du travail pour 1 000 salariés, quand la moyenne, tous secteurs confondus, tourne autour de 34 pour 1 000. « Nous identifions aujourd’hui trois sujets majeurs : la coexistence sur un même environnement d’engins et de personnes, les risques de chute en hauteur et les risques liés aux énergies, en particulier les électrocution », remarque Pierre-Yves Bigot.
La responsabilité des entreprises sur ces sujets de santé est d’autant plus patente que, sous la pression conjuguée de facteurs liés à la nature des activités, aux mutations sociétales et aux transitions environnementales, les risques sont appelés à évoluer dans les décennies à venir.
Sur le plan sociétal, les employeurs doivent entre autres porter une attention toute particulière à la montée des tensions sociales et des incivilités, qui exposent les employés sur les divers chantiers d’opération (construction de bâtiments, maintenance d’infrastructures de voirie ou de transports) à l’expression de comportements, de propos ou de gestes agressifs. Du point de vue managérial, la perturbation des équations intergénérationnelles, la perte de compétences, le désengagement sont susceptibles d’altérer la solidité des collectifs de travail ainsi que la vigilance des salariés en matière de consignes de sécurité.
Ondes numériques et vagues de chaleur
Autre vecteur de risques inédits : la numérisation des processus et le déploiement massif d’équipements connectés entre eux. « Nous avons consulté des militaires, qui nous ont expliqué que la combinaison des ondes posait déjà d’importants problèmes sur les porte-avions », précise Pierre-Yves Bigot.
Le BTP n’est pas épargné par le changement climatique, avec ses conséquences sur la durabilité des infrastructures et sur la sécurité des activités humaines. « Dans les pays tempérés, c’est-à-dire la majorité des pays où nous intervenons, nos salariés sont relativement bien protégés contre les risques liés au froid et à la pluie, mais beaucoup moins contre les intempéries liées à des phénomènes de chaleur », note Pierre-Yves Bigot.
Certains risques sont connus et maîtrisés. D’autres émergent. D’autres encore ne sont même pas identifiés. Quels seront par exemple les dangers secondaires liés à la combinaison des nouveaux matériaux utilisés sur les terrains d’opérations ? Pour les entreprises de la construction et des infrastructures, longtemps focalisées sur l’accidentologie, le développement des maladies professionnelles et des risques psychosociaux rebat les cartes des politiques de santé et de sécurité. Dans un tel contexte de transformation et d’incertitude, la démarche prospective engagée par Leonard, sous l’impulsion de VINCI, invite l’ensemble des acteurs de la filière à interroger leurs organisations et leurs modèles de fonctionnement.