Podcast #3 « Des mondes à construire » : hydrogène et mobilité routière

Pour ce troisième épisode de cette saison du podcast "Des mondes à construire", nous recevons Florent Delval, en charge de la thématique changement climatique à la direction de l'environnement de VINCI Autoroutes. Grâce à lui, vous découvrirez, en moins de 10 minutes, le potentiel de l'hydrogène pour la mobilité routière !

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Bonjour, vous écoutez Des mondes à construire, le podcast de Leonard pour mieux comprendre les transformations des villes et des territoires, l’avenir des métiers de la construction, des mobilités et de l’énergie.

Cette saison, nous nous penchons sur l’hydrogène. Depuis plusieurs années, l’hydrogène fait figure de solution miracle pour décarboner les mobilités, l’industrie et stocker les énergies renouvelables. Mais comment est-il produit ? Comment est-il stocké et transporté ? Quels usages peut-on en faire ?

Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur la question des mobilités routières avec Florent Delval.

– Bonjour Florent Delval. – Bonjour.

– Vous êtes en charge de la thématique changement climatique à la direction de l’environnement de VINCI Autoroutes. Vous traitez donc des sujets de décarbonation en lien avec la route. On parle souvent du véhicule hydrogène comme une possible solution d’avenir pour le transport routier. Quel est son intérêt ?

– Le véhicule hydrogène, en fait, son principal intérêt c’est de décarboner les motorisations. Et alors pourquoi on parle de décarboner la route ? Parce que finalement, on pourrait se dire que la route n’est pas une solution d’avenir, qu’il vaut mieux passer sur d’autres réseaux, sur d’autres outils multimodaux de type le réseau ferré ou le fluvial pour le transport de marchandises. En fait, ce qu’il faut garder en tête, c’est que la route aujourd’hui est très largement majoritaire dans le transport de marchandises et dans le transport de personnes. Et toutes les modélisations montrent qu’elle restera majoritaire à horizon 2050. Donc la décarbonation de la route, c’est un vrai enjeu et il ne faut pas juste se contenter de faire du report modal. Il faut aussi décarboner les usages de la route. Et du coup, le véhicule hydrogène fait partie des solutions qui permettent de décarboner les véhicules. Alors il y a beaucoup de solutions qui existent et on peut parler du gaz, du biogaz, du véhicule électrique à batterie, du véhicule électrique hydrogène puisque finalement le véhicule hydrogène, c’est un véhicule électrique. C’est juste qu’on n’a pas de batterie dans le véhicule, la batterie est remplacée par des réservoirs à hydrogène qui fournissent après l’électricité. Donc finalement, il y a pas mal de solutions qui existent. Et l’hydrogène, le véhicule hydrogène fait partie de ces solutions pour décarboner la route.

– Donc là, vous êtes en train de dire que le véhicule électrique à batterie ne suffit pas pour décarboner le transport routier et qu’il faudrait aussi partir sur du véhicule hydrogène ?

– Oui, en tout cas pour le véhicule léger, a priori, le véhicule électrique suffira. Il y a peut-être des usages très particuliers de type certaines flottes de taxis qui pourraient nécessiter de l’hydrogène. Mais en très grande majorité, ce sera du véhicule électrique à batterie. Par contre, pour les poids lourds, la question se pose complètement : aujourd’hui, ce n’est pas du tout tranché. Toutes les projections existent. Le plus probable, c’est qu’il y aura un mix de toutes les solutions et que le véhicule électrique à batterie ne suffira pas. Le véhicule hydrogène ne suffira pas et alors qu’aujourd’hui, on a une solution unique qui est le diesel. Cette solution unique, finalement, c’est un peu terminé et on risque d’avoir plusieurs solutions pour les usages. Le véhicule électrique sera a priori extrêmement pertinent pour les usages de courte distance et les usages urbains et très très planifiés dans lesquels on a un circuit de livraison très précis et on peut après s’arrêter pendant longtemps au dépôt pour recharger son véhicule. Le véhicule hydrogène, lui, sera beaucoup plus pertinent pour les longues distances. Pour les usages très intensifs, par exemple les usages où la marchandise est extrêmement lourde, puisqu’il faut savoir que la batterie d’un véhicule électrique, c’est 6 à 7 tonnes. Donc c’est 6 à 7 tonnes de moins qu’on peut embarquer comme marchandises. L’hydrogène étant extrêmement léger, on n’a pas ce problème-là. Et donc toutes les problématiques longues distances, autonomie, grande charge, le véhicule hydrogène, a priori peut y répondre. Mais après, en fait, la question sera de savoir où bascule la frontière entre véhicule électrique et véhicule hydrogène.

– Aujourd’hui, pourtant, l’offre ne semble pas particulièrement abondante, malgré l’intérêt qu’on y voit. Qu’attendent les constructeurs pour proposer des modèles à hydrogène ?

– Effectivement, il y a très, très peu de véhicules. Aujourd’hui, il y a deux véhicules légers qui sont en vente en France. Et les poids lourds, il n’y en a pas encore. Il y a quelques bus. Les poids lourds, il y en a en vente en Europe, mais il n’y a pas encore en vente en France. La problématique principale, c’est le prix. Aujourd’hui, comme il y a très peu de véhicules, ils coûtent extrêmement cher, c’est quasiment des séries limitées. Donc ils coûtent au moins quatre fois plus cher que leurs équivalents thermiques. Donc comme ils coûtent trop cher, les gens ne les achètent pas et comme les gens ne les achètent pas, les constructeurs ne peuvent pas baisser leurs prix. Il y a une deuxième problématique qui est l’absence de stations de recharge. Et là, on se retrouve exactement dans le même dilemme que ce qu’on avait au début avec le véhicule électrique : puisqu’il n’y a pas de stations, les gens ont peur de prendre un véhicule électrique parce qu’ils ne pourront pas se recharger, ils ne pourront pas faire leurs trajets. Et tant qu’il n’y a pas de véhicule qui circulent, il n’y a pas de stations. Donc pour l’instant, on est vraiment dans un cercle vicieux qui est sans fin, tant qu’on n’arrive pas à le casser, de dire : pas de stations, pas de véhicules, pas de véhicules pas de stations. C’est pour ça que le gouvernement français, globalement, les gouvernements européens ont mis en place des plans d’investissement très massifs sur l’hydrogène pour justement permettre aux constructeurs à la fois de véhicules et de stations de proposer des véhicules qui ne sont pas rentables au début, qui sont beaucoup moins chers que ce qu’il faudrait pour atteindre la rentabilité, mais qui permettent justement d’amorcer le cycle et de se dire que les gens vont pouvoir acheter des véhicules et donc faire fonctionner le système. Et à titre d’exemple, le gouvernement français a prévu 7 milliards d’euros d’investissement pour le plan hydrogène. La mobilité lourde, dont la mobilité routière, c’est un des trois piliers prioritaires de ce plan d’action. Et c’est à peu près un quart du montant d’investissement prévu dans les premières années.

– Quelles sont les prochaines étapes ? Les prochains éléments qu’on pourrait voir en lien avec la mobilité routière et l’hydrogène ?

– Alors, en ce qui concerne VINCI Autoroutes, on commence à avoir des premiers… Alors les premières stations ne sont pas encore sur le réseau. Mais on commence à avoir des sous-concessionnaires qui nous proposent des stations hydrogène. Donc d’ici quelques années, on va voir des stations hydrogène qui arriveront sur nos aires. Alors pour l’instant, ça va être des toutes petites stations avec très peu de véhicules. Mais on commence à proposer une offre pour que justement les transporteurs puissent se dire ça y est, il y a une station, donc là, je peux commencer à planifier mon trajet en hydrogène. Nous, VINCI Autoroutes, on va expérimenter aussi des véhicules hydrogène pour nos propres usages. Toujours dans l’optique de tester le véhicule pour savoir est-ce que… Est-ce qu’il répond à nos usages, est-ce qu’il répond mieux à nos usages que le véhicule électrique ? Et puis aussi pour avoir une bonne compréhension des problématiques hydrogène, pour être capable après d’accompagner nos clients, puisqu’il ne suffit pas de mettre des stations, il faut aussi qu’on soit capable de se mettre à la place de nos clients pour pouvoir anticiper les points de friction et les résoudre avant qu’ils ne les rencontrent.

– Merci beaucoup Florent Delval pour ces explications.

Nous nous retrouvons dans un prochain podcast pour parler de mobilité maritime. Et merci d’avoir écouté Des mondes à construire, le podcast de Leonard. Au fait, Leonard, c’est la plateforme d’innovation et de prospective du groupe VINCI. Retrouvez toutes nos informations sur leonard.vinci.com.

À bientôt !

* Des mondes à construire, c’est le podcast de Leonard pour mieux comprendre les transformations des villes et des territoires, l’avenir des métiers de la construction, des mobilités, de l’énergie…   
À chaque saison, nous abordons une thématique sous différents angles, en allant à la rencontre d’experts qui nous expliquent simplement et en moins de 10 minutes un aspect spécifique de leur sujet.

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