Podcast #7 « Des mondes à construire » : hydrogène, industrie et réseaux électriques

Pour ce septième et dernier épisode de cette saison du podcast "Des mondes à construire", nous recevons Hugues Seutin, directeur d'Hyfinity, marque de VINCI Construction Grands Projets. En moins de 10 minutes, vous découvrirez le potentiel de l'hydrogène pour l'industrie et les réseaux électriques !

Bonjour, vous écoutez Des mondes à construire, le podcast de Leonard pour mieux comprendre les transformations des villes et des territoires, l’avenir des métiers de la construction, des mobilités et de l’énergie. Cette saison, nous nous penchons sur l’hydrogène. Depuis plusieurs années, l’hydrogène fait figure de solution miracle pour décarboner les mobilités, l’industrie et stocker les énergies renouvelables. Mais comment est-il produit ?

Comment est-il stocké et transporté ? Quels usages peut-on en faire ? Aujourd’hui, nous retrouvons Hugues Seutin, directeur d’Hyfinity, l’activité de VINCI Construction dédiée à l’hydrogène vert. Bonjour !

Bonjour.

Les podcasts précédents ont abordé les applications de l’hydrogène dans les transports routiers, aériens, maritimes et ferroviaires. Mais certaines études prévoient que l’ensemble de ces utilisations ne représenteront que 20 à 25% de la demande en hydrogène à l’horizon 2050. Quelles seraient les autres applications ?

Les autres applications envisagées sont principalement la décarbonation de l’industrie et, dans une moindre mesure, l’équilibrage du système électrique.

Comment l’hydrogène peut aider à décarboner l’industrie ?

Dans l’industrie, l’hydrogène vert pourra être utilisé pour décarboner certains usages existants, mais également servir des usages nouveaux. En ce qui concerne les usages existants, il s’agit principalement des procédés chimiques comme la production d’ammoniac, la production de méthanol, qui utilisent déjà de l’hydrogène, mais de l’hydrogène sous sa forme plus polluante, émettrice, comme l’hydrogène gris. Il s’agit ici de remplacer simplement l’hydrogène gris par de l’hydrogène vert pour décarboner le procédé. Ici, dans ces cas de figure-là, l’hydrogène est utilisé non pas comme un vecteur énergétique, mais comme un intrant d’un processus chimique. On peut dire aussi que l’hydrogène, dans ce cas-là, est non seulement un outil de décarbonation, mais peut, dans certains cas de figure, être un levier de croissance. Je vais prendre deux exemples : pour l’ammoniac, lorsqu’il est produit de façon décarbonée, l’ammoniac peut être utilisé comme un vecteur de transport d’hydrogène de façon économique, compétitive.

Un autre exemple, c’est le méthanol qui, lorsqu’il est produit de façon décarbonée avec de l’hydrogène vert, peut servir de carburant pour certaines mobilités lourdes. On voit bien que ces molécules dérivées, lorsqu’elles sont elles-mêmes décarbonées, elles ouvrent des nouveaux marchés, et qui peuvent faire de la croissance pour leurs producteurs. En ce qui concerne les usages nouveaux, on pense principalement à la sidérurgie.

Il y a plusieurs procédés dans la sidérurgie, mais il y en a un qui s’appelle la réduction directe de fer. En anglais, le DRI, qui utilise le gaz naturel pour traiter le minerai de fer. Ici, on peut remplacer ce gaz naturel par de l’hydrogène vert pour décarboner l’ensemble du processus. Il y a d’autres industries qui utilisent du gaz naturel et pour lesquelles on peut également remplacer cette énergie par de l’hydrogène vert pour décarboner des besoins de chaleur, par exemple.Dans le cas de figure où l’hydrogène est produit à partir d’un actif d’énergies renouvelables dédié, ça présente deux caractéristiques. D’abord, il est renouvelable, mais également son prix sera prévisible et stable dans le temps, contrairement au gaz naturel, et on l’a vu récemment avec la crise en Ukraine, où le gaz naturel peut avoir des prix très volatils, très fluctuants, ce qui pénalise les industriels.

Donc on voit aussi l’hydrogène vert non seulement comme un outil de décarbonation, mais une façon de donner de la prévisibilité et de la stabilité aux industries, leur donner confiance dans l’investissement, et donc un instrument d’ancrage de l’industrie en Europe.

L’industrie sera donc probablement le secteur le plus utilisateur d’hydrogène demain. Vous avez également mentionné l’équilibrage des réseaux électriques. De quoi s’agit-il ?

À moyen ou long terme, la part d’énergies renouvelables intermittentes dans le mix électrique sera significative. Nous aurons donc d’une part, une production variable et subie en fonction des conditions météorologiques et d’autre part, une demande qui ne peut pas être totalement flexibilisée, donc une demande qui sera minimale, qui sera irréductible. Il y aura donc besoin d’un maillon intermédiaire pour réconcilier les deux.

Et l’hydrogène peut jouer ce rôle d’équilibrage du système électrique entre l’offre et la demande. Comment ? Eh bien, si on imagine à un moment donné dans la journée, une abondance d’énergies renouvelables, par exemple lorsqu’il y a beaucoup de soleil, beaucoup de vent, on peut utiliser cette énergie pour produire de l’hydrogène et le stocker. Et ensuite, lorsque la source de renouvelable se tarit, on peut déstocker l’hydrogène et retransformer cet hydrogène en électricité par une technologie de pile à combustible.

Dans ce cas-là, le procédé s’appelle power-to-gaz-to-power et on utilise la qualité de vecteur de stockage de l’hydrogène.

Vous nous parlez d’hydrogène vert. Cela semble être une bonne solution. Pourquoi on ne se lance pas tout de suite ?

On a vu que l’hydrogène vert peut servir de carburant pour la mobilité. On a vu aujourd’hui comment l’hydrogène vert peut décarboner l’industrie et comment il peut flexibiliser le système énergétique. L’hydrogène peut rendre des services très divers, très variés, et donc on est confiant sur le fait qu’il y aura une demande forte d’hydrogène, à condition de lever son principal obstacle qui est aujourd’hui son prix, qui n’est pas encore compétitif.

Donc on pense qu’il y a un intérêt majeur à produire massivement l’hydrogène et pour deux raisons. D’une part, pour faire baisser son coût de production, et d’autre part pour justifier économiquement la mise en place d’infrastructures de transport et de distribution afin d’irriguer toute l’économie avec cette molécule décarbonée. Et on pense que c’est à cette condition que l’hydrogène vert pourra prendre son envol.

Merci Hugues Seutin pour ces explications.

Je vous en prie. Merci à vous.

C’est avec vous que s’achève cette saison 100% hydrogène de notre podcast Des mondes à construire. On se retrouve prochainement pour un nouveau sujet. Et merci d’avoir écouté Des mondes à construire, le podcast de Leonard. Au fait, Leonard, c’est la plateforme d’innovation et de prospective du groupe VINCI. Retrouvez toutes nos informations sur leonard.vinci.com. À bientôt !

* Des mondes à construire, c’est le podcast de Leonard pour mieux comprendre les transformations des villes et des territoires, l’avenir des métiers de la construction, des mobilités, de l’énergie…   
À chaque saison, nous abordons une thématique sous différents angles, en allant à la rencontre d’experts qui nous expliquent simplement et en moins de 10 minutes un aspect spécifique de leur sujet.

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