Les débats portant sur les politiques de transport de personnes ont coutume de se focaliser sur deux situations « polaires » : les déplacements interurbains longue distance d’un côté, et les déplacements urbains courte distance de l’autre. Les potentialités des différents modes dans ces deux contextes font l’objet de nombreuses analyses, ainsi que les moyens de décarboner les transports, grâce à des véhicules bas-carbone ou d’autres modes alternatifs, ou en réduisant la mobilité.
Cette approche laisse une partie importante de déplacements dans un angle mort : les déplacements interurbains courte distance et urbains diffus. Certes ceux-ci sont plus complexes à analyser compte-tenu de la prédominance de la voiture individuelle. Les solutions novatrices nécessitent moins d’a priori et plus d’intelligence. Mais l’enjeu est d’importance alors que la crise du COVID a provoqué un regain d’intérêt très fort pour les villes moyennes et pour la résidence « au-delà du quart d’heure ».
Comme le souligne André Broto, tous les jours, des centaines de milliers d’habitants des périphéries sont ainsi les oubliés des politiques de mobilité, qui devraient prendre le meilleur de chaque mode, en utilisant les capacités de la route à accueillir de nouvelles solutions : covoiturage, voies réservées pour des cars express, parkings-relais, articulation avec les gares des réseaux ferrés. La publication de son ouvrage « Transports : quand la route reconnecte le territoire » aux éditions Eyrolles offre l’occasion d’un échange approfondi entre experts et responsables locaux pour préciser ces solutions en termes d’utilité socio-économique et de leur capacité à répondre aux demandes de mobilité.
Par ailleurs, alors que la France s’est fixé un objectif de neutralité carbone d’ici à 2050, avec un « point de passage » en 2030 ambitieux, le secteur des transports, et plus particulièrement la route, doit devenir une priorité de la stratégie de décarbonation nationale. La transformation de la mobilité routière doit être comprise comme un enjeu global de société, touchant à l’émergence d’un modèle conciliant économie et écologie, mais aussi à la réduction de la fracture territoriale. La route, responsable de près de 95% des émissions du secteur des transports et qui a été jusqu’à présent négligée, doit être remise au premier plan des politiques publiques de mobilité comme des démarches d’innovation des acteurs du secteur.
La conférence a confronté les points de vue d’universitaires, d’experts, de praticiens et d’élus. Anne-Marie Idrac, ancienne ministre, ancienne PDG de la RATP et de la SNCF, présidente de France logistique, en a été le « Grand Témoin ».
9h00 – Déplacements longs du quotidien : quels besoins, quelles politiques ?
Animation : Alphonse Coulot, La Fabrique de la Cité
- Bérengère Mesqui, directrice du département développement durable et numérique, France Stratégie
- François Durovray, président, Conseil départemental de l’Essonne
- Dominique Bureau, président, Commission de l’économie du développement durable
- André Broto, ancien directeur de la stratégie, VINCI Autoroutes
Intervention d’Anne-Marie Idrac
La décarbonation de la mobilité routière : enjeux et solutions
Animation : Pierre Delaigue, Leonard
- Hervé Novelli, ancien ministre, maire de Richelieu
- Patrice Geoffron, économiste, Université Paris-Dauphine
- Géraud Guibert, président, La Fabrique écologique
- Fabien Leurent, directeur de recherche, CIRED, École des Ponts
Éclairage sur l’opinion publique au prisme de la décarbonation par Denis Pingaud, conseiller en communication et membre du comité d’orientation de La Fabrique de la Cité.
Conclusion de Pierre Coppey, directeur général adjoint de VINCI, président de VINCI Autoroutes, président de La Fabrique de la Cité