La ville : avenir de l’Humanité
« Le XXIe siècle sera celui des villes ». La promesse de Webb Wellington, ancien maire de Denver, semble se concrétiser à mesure que nous entrons dans le deuxième millénaire. Près de 56% de la population mondiale vit ainsi en ville et ce chiffre devrait passer à 70% en 2050.
Si le XXIe siècle est celui des villes, c’est aussi parce qu’elles cristallisent les enjeux majeurs de notre temps : le réchauffement climatique s’incarne ainsi dans les épais nuages noirs qui saturent Delhi et le contraste entre les riches quartiers de São Polo et ses bidonvilles est un révélateur des inégalités économiques que les villes concentrent. Lieu de concentration des enjeux environnementaux et des problématiques sociales, le destin de l’Humanité semble lié à celui des villes.
Vers une IA urbaine
En parallèle de ce phénomène d’urbanisation croissante, l’intelligence artificielle, par sa capacité à agréger et analyser une immense quantité de données, semble être l’outil idéal pour améliorer la ville d’aujourd’hui et construire celle de demain. Le champ des possibles de « l’IA urbaine » est considérable et semble prometteur dans bien des domaines : lutte contre la criminalité à Rio, optimisation énergétique à Séoul, fluidification du trafic routier à New York ou encore préservation de la biodiversité urbaine à Londres. Montréal a même créé un laboratoire à ciel ouvert destiné, entre autres, à expérimenter des IA dans un contexte urbain. Les projets urbains impliquant de l’IA se multiplient à travers le monde. Preuve de cet engouement, le marché de la Smart City pèsera plus de 1,4 mille milliards de dollars d’ici 2020, soit une croissance annuelle de 13,6% depuis 2016.
En amont du développement de l’IA, de nombreuses villes ont entrepris une politique d’Open Data. Depuis 2009, le portail de données de San Francisco, DataSF, a ainsi servi de support à la création de plus de 60 applications destinées à faciliter la vie des citadins. Par ailleurs, San Francisco utilise également de l’IA pour atteindre son objectif de devenir une ville 0 déchets d’ici 2020. Ici, la technologie fait sens. L’IA est au service d’une vision, d’un idéal.
Le projet : un tour du monde des villes intelligentes
Le cœur du projet Smart World est de comprendre comment l’IA peut nous aider à bâtir des villes durables. Pour y parvenir, je vais parcourir le monde pendant 6 mois et partir à la rencontre de plus de 60 experts de l’IA, entreprises, urbanistes, architectes, philosophes et nombreux autres acteurs ! Pendant ces 6 mois, je vais également explorer 12 villes pour comprendre comment des IA ont été déployées pour répondre à des problématiques urbaines très précises.
Ce tour du monde a un double objectif. Il ambitionne de mobiliser une intelligence collective autour d’une technologie (l’IA) et d’une réalité (la ville) qui nécessitent toutes deux d’être pensées de manière pluridisciplinaire. L’autre enjeu de ce tour du monde est de voir comment l’identité d’une ville (son histoire, sa géographie) influence les modalités d’usage de l’IA. Tokyo, qui est situé sur une faille sismique, n’a pas les mêmes ambitions en termes d’IA que Singapour, cité-état en manque d’espace.
Smart World est aussi un projet qui a pu voir le jour grâce à ses entreprises partenaires, parmi lesquelles Leonard a joué un rôle de premier plan. En plus de son soutien financier, la cellule de prospective et d’innovation de Vinci a partagé son expertise et son réseau avec Smart World. Avant même son lancement, Smart World est déjà une aventure collective.
Pour l’architecte Le Corbusier, « la statistique est le Pégase de l’urbaniste », une donnée capitale dans l’aménagement du territoire. Voyageur ailé qui traverse le monde, Pégase est aussi la créature qui, d’un coup de sabot, fit naître la fontaine de l’Hippocrène, source d’inspiration des poètes antiques. Smart World cherche à comprendre comment l’IA peut, à son tour, être le Pégase de nos urbanistes et servir la poétique des villes.