Souriant et l’air assuré devant un parterre international de professionnels représentant la diversité des métiers de VINCI, cet habitué des interventions publiques n’est pas un novice des questions de mobilité autonome. Fondateur du cabinet Emerging Transport Advisors, spécialisé sur les tendances émergentes en matière de transport, il a aussi été une des chevilles ouvrières du lancement de Waymo, le premier service de conduite entièrement autonome de Google, après avoir fait de San Francisco un laboratoire de la mobilité urbaine en tant que directeur de l’innovation. Un intervenant tout trouvé pour défricher les nombreuses interrogations que suscite le déploiement du véhicule autonome en ville. Un sujet bien connu chez Leonard, qui anime depuis l’été 2017 un groupe de prospective portant sur le véhicule autonome et les infrastructures. Un premier “Emerging Trends” dresse le panorama de cette exploration :
Tim Papandreou s’attache d’abord à démonter quelques mythes, et à remettre en perspective les inquiétudes qu’inspirent souvent les nouvelles technologies. Selon lui, les passagers des transports en commun le regard rivé sur leur smartphone ne diffèrent pas tellement des usagers concentrés sur leurs journaux hier. La technologie n’isole pas ; cette dernière pourrait même libérer nos quotidiens souvent contraints.
La voiture autonome ou la promesse d’un temps libre retrouvé
Parmi les arguments du véhicule autonome figurent en tête celles du gain de temps et de la liberté retrouvée. Tim Papandreou évoque d’ailleurs la promesse initiale de la voiture individuelle pour mieux révéler combien la réalité s’en est éloignée : loin d’apporter la liberté attendue, elle concentre les problèmes (pollution, difficultés de stationnement, coût financier…) et peine à attirer la nouvelle génération. La multiplication des déplacements et les difficultés de circulation ont aussi passablement augmenté le temps passé en voiture : chaque automobiliste passerait ainsi l’équivalent de 10 jours par an dans sa voiture.
Le véhicule autonome offrirait la possibilité de profiter de ce temps gaspillé en concentrant son attention sur d’autres activités que celle de la conduite : échanger avec ses proches, se divertir ou se reposer en toute sécurité deviendront des options envisageables. Une déconnexion totale qui ne sera possible que dans un véhicule autonome de niveau 5, soit le niveau d’autonomie le plus élevé, caractérisé par une conduite totalement autonome sans l’aide d’un conducteur, quelles que soit les circonstances.
Si ce degré d’autonomie est encore loin d’être une réalité, les progrès techniques réalisés par les constructeurs et les géants du numérique se rapprochent chaque jour de cet objectif. En 18 mois, Waymo a réussi le tour de force de construire une voiture entièrement autonome, dont les essais dans les rues rectilignes de la périphérie de Phoenix auraient fait la preuve, selon Alphabet, d’un niveau de sécurité accru par rapport à la conduite humaine. Ces débuts prometteurs ne peuvent toutefois masquer les nombreux obstacles qui éloignent encore le véhicule autonome de nos rues.
“Never yell, never drunk” : une voiture “aimable” qui va recomposer l’aménagement de nos villes
Ces véhicules à la conduite optimisée, “conçus pour être aimables” selon les mots de Tim Papandreou, ne vont pas seulement déconcerter les autres automobilistes ; ils vont aussi bouleverser en profondeur leur environnement.
Des véhicules en constante circulation rendraient obsolètes les emplacements de stationnement le long des rues, qui pourront être dévolus à d’autres fonctions urbaines, favorisant l’aménagement de rues plus sûres, plus denses et plus agréables pour les piétons. Les véhicules autonomes contribueraient aussi à simplifier la mobilité et à améliorer l’intermodalité sur un territoire, en facilitant les déplacements de population à la mobilité restreinte, tout en reliant plus aisément les zones résidentielles aux hubs de transport déjà existants. Les parkings, devenus inutiles, changeraient de fonction et libèreraient un foncier aussi rare que précieux dans les centres urbains.
Mais ces futurs enthousiasmants soulèvent aussi des questions plus techniques et réglementaires : quel rôle joueront les infrastructures dans le déploiement du véhicule autonome ? Comment les autorités locales vont-elles régulariser le trafic routier avec ces nouveaux véhicules pour assurer la sécurité de tous ? Tim Papandreou a répondu à nos questions en vidéo :