Vieillissement de la population : le logement en première ligne

Partout dans le monde, une révolution démographique est en cours : d’ici 2050, le nombre de personnes de plus de 60 ans aura doublé. La proportion de personnes âgées dans la population progresse également : une personne sur cinq aura 60 ans ou plus en 2050, contre une sur huit en 2015 (United Nations).

Devenue une priorité pour la plupart des gouvernements, la question du logement des seniors est complexe, car elle mêle enjeux économiques, politiques, culturels et de santé publique. De grandes tendances émergent toutefois, à l’initiative des Etats, des institutions, mais aussi des acteurs du secteur privé.

Des normes en ordre dispersé

Les études s’accordent sur le diagnostic : la majorité du parc de logements existant n’est pas adapté aux besoins d’une population vieillissante (JCHS). Dès 2008, le Royaume-Uni introduit pourtant le concept de “lifetime home” et instaure des normes devant permettre l’émergence de logements ajustables et flexibles, en capacité d’accompagner les habitants tout au long de leur vie (CPA). L’influence de ce paradigme est encore sensible aujourd’hui. A Hong Kong, une ONG milite pour une politique d’incitations économiques qui encouragerait la construction de logements 100% flexibles (SCMP) et en Australie, le gouvernement publie un guide des bonnes pratiques en matière de design adaptable (Australian Government). L’architecte Matthias Hollwich défend, avec son projet Skyler, le concept de “design inclusif”, qui fait cohabiter toutes les générations (CityLab). L’idée d’un design universel fait donc son chemin, mais n’est pas encore adopté partout (Professional Builder).

Les institutions encouragent une démarche d’innovation holistique

C’est dans ce contexte que l’European Construction Technology Platform (ECTP), appuyée dans sa démarche par des institutions telles que la Commission européenne (Commission Européenne), l’OCDE (OECD iLibrary), ou encore l’OMS (WHO), préconise une approche transversale et multisectorielle, ainsi qu’une stratégie volontariste dans la Silver Economy. Parmi les axes prioritaires de développement, l’ECTP identifie l’émergence de normes au niveau européen, garantissant que tout logement neuf sera adapté au vieillissement de la population, mais aussi la nécessité d’attirer de nouveaux investisseurs privés pour stimuler la R&D et les innovations. A cet égard, les acteurs du numérique sont en ligne de mire.

L’IoT pour le 3e âge ?

Aux Etats-Unis, les grands acteurs de la tech ont bien compris les opportunités offertes par la Silver Economy (ECN). Le géant IBM, par exemple, est déjà positionné sur le créneau de la smart home pour seniors et étudie les interactions des personnes âgées avec leur logement dans un ThinkLab (IBM). Un partenariat récemment conclu avec Nokia préfigure un logement bardé de capteurs : lumières, four, réfrigérateur, cuisson, médicaments mais aussi sommeil… l’IoT pourrait prendre en charge une infinité de tâches devenues complexes ou accidentogènes pour une population vieillissante et ainsi favoriser le maintien à domicile. Le secteur privé est loin d’être le seul concerné : alors que les villes du monde entier se transforment, la politique de logement pour les seniors n’est qu’une pièce du puzzle de la smart city, qui doit également intégrer les infrastructures ou encore les services (The Guardian).

 

 

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