S’adapter aux effets du changement climatique, ne pas renoncer à agir contre ses causes

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Table ronde, s'adapter sans renoncer, Voeux 2024
Montée des températures, élévation du niveau de la mer, pluies destructrices, incendies, retrait-gonflement des argiles : le dérèglement climatique place les territoires face à d’importants défis d’adaptation de leurs infrastructures. Face à la criticité des enjeux et au poids des investissements à engager, comment ne pas céder à la tentation du renoncement ?  

Comment s’adapter sans renoncer ? Telle était la question centrale de la table ronde organisée le 30 janvier 2024 par La Fabrique de la Cité et Leonard à l’occasion de leurs vœux conjoints. Un débat qui a réuni Pascal Berteaud, directeur général du Cerema, Jean-Luc Marx, maire de Cahors, Bénédicte Peyrol, directrice RSE de SAUR et Perrine Prigent, adjointe au maire de Marseille. Avec la participation de Pierre Coppey, président de VINCI Autoroutes et de la Fabrique de la Cité. 

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2,3 milliards d’euros : c’est, selon le think tank I4CE, la facture annuelle que la France devra payer pour permettre aux infrastructures des territoires de résister aux effets directs et indirects du changement climatique. Si la stratégie d’adaptation devient inévitable, elle ne doit pas être synonyme d’un renoncement aux actions les plus volontaristes de transition environnementale et énergétique.  Un combat où toutes les collectivités ne partent à armes égales. « Même si nous comprenons bien l’intérêt du plan zéro artificialisation nette des sols, certaines de ses dispositions – par exemple l’intégration dans le dispositif des parcelles non construites de l’habitat dispersé – ne favorisent pas des agglomérations comme la nôtre », a expliqué Jean-Luc Marx, maire de Cahors.  

Pour Pascal Berteaud, directeur général du Cerema, établissement public chargé d’accompagner l’État et les collectivités territoriales dans leurs politiques d’aménagement et de transport, l’adaptation appelle surtout une gymnastique inédite : « Jusqu’à présent, les hommes ont construit leur futur à partir d’une analyse du passé. Aujourd’hui, nous devons adapter notre présent sur la base d’un futur que nous ne connaissons pas. » 

Trois millions d’euros pour 4 000 LED 

Un autre défi à relever tient à la recherche des financements. Les travaux d’infrastructures et d’aménagement que les collectivités doivent engager coûtent parfois très cher. Pour déployer un réseau d’éclairage intelligent doté de 4 000 ampoules, la ville de Cahors a dû par exemple débloquer une enveloppe de trois millions d’euros. « Il y a de l’argent public. Mais les démarches sont souvent complexes et il n’est pas toujours facile d’avoir accès aux dispositifs de financement, notamment pour les plus petits territoires », a noté Bénédicte Peyrol, directrice RSE de SAUR, entreprise de fourniture et de traitement de l’eau pour les collectivités.  

Pour décrocher une subvention, une aide, un crédit, encore faut-il identifier et fédérer les bonnes échelles de gouvernance et d’action. « On sait qu’en-dessous de 10 000 ou 15 000 habitants, il devient compliqué pour une collectivité de bâtir et de valoriser des projets [d’adaptation] », a précisé Pascal Berteaud. Pour une grande ville comme Marseille, la question de l’échelle renvoie davantage à une dimension d’inclusion sociale qu’à un critère de taille. « Les publics les plus défavorisés sont les plus touchés par les conséquences du changement climatique. À Marseille, où il n’existe encore que deux lignes de métro et trois lignes de tramway, l’adaptation des espaces publics urbains doit prendre en compte ces inégalités », a insisté Perrine Prigent, adjointe au maire de Marseille en charge de l’eau dans la ville, du patrimoine urbain architectural et de l’amélioration et la requalification des espaces publics.  

Perrine Prigent, adjointe au Maire de Marseille déléguée à la valorisation du patrimoine, à l'amélioration des espaces publics, à la place de l'eau dans la ville et à la ville résiliente
Perrine Prigent, adjointe au Maire de Marseille déléguée à la valorisation du patrimoine, à l’amélioration des espaces publics, à la place de l’eau dans la ville et à la ville résiliente

Ni précipitation, ni procrastination 

À la question de la gouvernance, Cahors a choisi de répondre par la mise en place d’une Commission du temps long, un collectif participatif de trente personnes réparties en trois contingents : élus municipaux, personnalités qualifiées et citoyens volontaires tirés au sort. Objectif : soumettre à la concertation les choix du territoire en matière d’adaptation des infrastructures (rénovation de la place centrale de la ville, construction d’une usine de filtration de l’eau, micro-projets entrepreneuriaux ou citoyens). Le temps long plutôt que la précipitation. Car en matière d’aménagement des infrastructures et des espaces publics, l’urgence peut compromettre la pertinence des arbitrages. « Il faut faire en sorte que les adaptations ne soient pas des mal-adaptations », a mis en garde Bénédicte Peyrol.  

Les solutions ne manquent pas et les élus ont encore du temps devant eux pour engager des stratégies, a abondé Pascal Berteaud. Attention pour autant au réflexe de procrastination. Tout l’enjeu, désormais tient à la capacité des acteurs politiques à maintenir la pression et l’action. 

« Nous sommes confrontés à des sujets qui constituent autant d’opportunités passionnantes de transformation », a tenu à conclure Pierre Coppey, président de VINCI Autoroutes et de La Fabrique de la Cité.

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