Défricheurs de la biodiversité en ville
La promesse d’une « ville verte » ou d’une « cité dans un jardin », pour reprendre la posture revendiquée par Singapour, impose de nouvelles règles du jeu de concevoir et de construire les villes, fait évoluer les manières d’aménager les espaces urbains — et donc les métiers, qui sont au coeur de la thématique de ce festival. Mais il ne faut pas confondre nature et biodiversité en ville, et la pérennité des services rendus par la première (résilience climatique, dépollution, agrément…) ne peut être garantie que par la seconde dans des environnements traditionnellement portés vers la monoculture.
« La biodiversité cultivée est remise en cause car elle n’est pas fonctionnelle en ville. On doit recréer des écosystèmes en ville. On ne peut plus se contenter d’avoir une dizaine d’espèces phares qu’on met partout, et qui ne font pas écosystème. » — Philippe Clergeau
Pour examiner les bénéfices de la biodiversité en ville, comprendre le fonctionnement des écosystèmes urbains et la façon dont s’hybrident les métiers d’aménageur, d’architecte, de paysagiste, d’écologue et de bâtisseur, nous avons réuni Michel Hössler, l’un des trois fondateurs de l’agence TER, distingué par le Grand Prix de l’Urbanisme en 2008, Catherine Auberget, économiste de l’environnement (IRD), Philippe Clergeau, professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle et coordinateur du récent ouvrage « Urbanisme et biodiversité » et Paola Mugnier, directrice d’une société spécialisée en biodiversité et en agriculture urbaine (Urbalia). Ces défenseurs de la biodiversité en ville ne se satisfont pas de promesses de végétalisation !
À lire : retrouvez Philippe Clergeau et les promesses de la biodiversité en ville dans notre newsletter de juillet 2020 (abonnement).
Les acteurs de l’économie circulaire s’invitent sur les chantiers
La fabrique de la ville et des infrastructures est la première industrie génératrice de déchets. La réduction de leur volume grâce au réemploi et au recyclage compte donc parmi les principales clés de la réduction de l’impact écologique — en particulier carbone — des activités de construction.
« 79 millions de tonnes de déchets de la déconstruction sont stockés ou perdu, aujourd’hui il y encore de la matière qui est potentiellement recyclable. » — Benoît Weibel
Heloïse De Bokay, Intrapreuseuse en économie circulaire dans le BTP, Justine Emringer (Plaine Commune), Benoît Weibel (Eurovia) et Myriam Saade, chercheuse à l’Ifsttar, ont décrit comment les nouvelles initiatives et collaborations qui voient le jour entre acteurs du BTP, collectivités territoriales et centres de recherche, font advenir concrètement un véritable métabolisme urbain.
Le live tweet de Construction21
Pitches : champions de l’économie circulaire
Rencontrez quatre de ces entrepreneurs qui ont fondé leurs modèles économiques sur la réduction des déchets sur les chantiers et l’industrie. Maxime Baffert a lancé Bluedigo, qui distribue du mobilier de bureau d’occasion ou éco-conçu. Fondé par Dominique Mercier, Kheoos permet de valoriser les stocks dormants de pièces industrielles. Présentée par Jérôme de Tomasi, intrapreneur de VINCI, Waste Marketplace est une place de marché spécialiste du déchet de chantier. Ivan Drouadaine, directeur technique et recherche chez Eurovia, a présenté « la route 100% recyclée » : un procédé permettant pour la première fois de fabriquer un revêtement à partir de matériaux recyclés.
La transition écologique des métiers, des villes et des territoires
La géo-politologue Virginie Raisson (LÉPAC) et l’économiste du carbone Christian Perthuis (Chaire d’Économie du Climat, Université Paris-Dauphine) sonnent l’alarme : il faut accélérer la transition pour limiter le réchauffement climatique, en substituant sans attendre des énergies décarbonées au gaz, au charbon et au pétrole, en renforçant les grands puits de carbone de la planète tout en déployant de nouveaux instruments économiques pour encourager les agents à renoncer aux énergies fossiles.
« De siècle en siècle, on n’a cessé d’ajouter des sources d’énergie aux autres. Il faut désormais passer de l’empilement à la substitution pour faire sortir de notre modèle le charbon, le pétrole et le gaz. » — Christian de Perthuis
Xavier Huillard, président-directeur général de VINCI, qui a présenté en fin d’année dernière son ambition environnementale pour 2030, se veut optimiste : les entreprises comme VINCI n’attendent pas la pression des États pour évoluer ; elles sont attentives aux préoccupations de leurs collaborateurs, à la pression des parties prenantes. Le défi du climat est une occasion formidable pour une entreprise comme VINCI de se réinventer et de concevoir un nouveau projet collectif.