Qu’apporte la mobilité aérienne aux métropoles ?
La problématique est moins celle de la congestion des villes, que cette forme de mobilité ne nous semble pas devoir régler, que celle d’apporter un complément à l’offre globale de mobilité des métropoles.
Nous prenons acte du fait que la technologie de la mobilité aérienne urbaine est là. Il ne s’agit pas de prospective, quand on considère que les premières certifications devraient être délivrées, pour certains aéronefs, avant 2025. La question qui se pose est celle de savoir comment les technologies de la mobilité aérienne urbaine, au-delà des promesses des constructeurs, peuvent s’intégrer en ville, d’une manière qui fasse sens et soit acceptable par tous. Nous faisons l’hypothèse, en observant l’ensemble des grandes métropoles mondiales, que cette nouvelle forme de mobilité aura une place dans l’environnement urbain, et qu’il convient de se préparer. C’est une des motivations de l’initiative Re.invent Air Mobility en Île de France, portée par ADP, la RATP et Choose Paris Region. La mobilité aérienne urbaine est proche sur le plan technologique, mais assez loin encore, quant aux conditions d’usage et d’opération en environnement urbain.
A quoi vont servir les drones de transport de passagers ?
Très concrètement, il s’agit d’apporter un service rapide, flexible, 100% électrique, avec un coût d’infrastructure réputé plus faible que de nombreux autres modes. Notre regard sur la mobilité aérienne pour les villes se concentre sur sa capacité à répondre à des besoins non couverts par les offres existantes, pour des distances qui se situent a priori au-delà de 20 à 30 kilomètres. Les drones ne sont certainement pas pertinents pour la desserte interne au périmètre d’une métropole – même si on peut se poser la question pour des métropoles très étendues. A notre échelle, celle de la région Île de France, il s’agit de rapprocher des territoires, pour accompagner un développement polycentrique, plus équilibré. Je pense par exemple à la question de l’éloignement du territoire de Paris Saclay. Le réseau du Grand Paris va la résoudre en grande partie, mais la mobilité aérienne pourrait y contribuer également.
A quels publics va s’adresser la mobilité aérienne en ville ?
Ce mode de mobilité a pour vocation, en premier lieu, de répondre à des contextes d’urgence. Les technologies mobilisées ont un coût important, d’autant plus en phase d’émergence. Cela impliquera probablement que le prix des services se rapproche de la gamme des services de mobilité à la demande – VTC, mototaxis, etc. Les besoins visés sont d’abord d’ordre sanitaire, ou relèvent de la desserte rapide entre pôles d’affaires et industriels. Cela concerne donc surtout des territoires denses, à forte activité industrielle ou économique.
Quel est l’objectif de l’appel à manifestation d’intérêt Re.Invent Air Mobility, et qu’apporte cette initiative à une entreprise comme le groupe RATP, dont le cœur de métier est le transport urbain de masse ?
La présence du groupe RATP se justifie sous deux angles. Le premier est lié à la compétence d’opérateur de transports multimodal du Groupe. Nous ne pouvions être absents de la réflexion accompagnant l’émergence et la montée en maturité d’un nouveau mode de transport. Le second correspond à notre volonté de faire en sorte que la mobilité aérienne s’intègre le mieux possible à l’environnement urbain, et en particulier l’environnement urbain dense, que nous connaissons très bien, au cœur de ses savoir-faire, en matière d’aménagement de la ville, en matière de conception d’outils qui visent des usages à la fois industriels, de bureaux, de commerce. En pratique, les aéronefs et systèmes liés, imaginés pour la mobilité urbaine, mobilisent de grands constructeurs aéronautiques, des startups très fortement capitalisées, notamment par l’industrie automobile. Dans ce contexte, il n’était pas question de travailler seuls, qu’il s’agisse du groupe RATP ou d’ADP. L’idée, avec Re.Invent Air Mobility, c’est d’aller chercher des compétences complémentaires, de structurer un écosystème de partenaires pour l’Île de France, associant industriels, chercheurs, startups, pour apporter les briques technologiques de ce nouveau mode de mobilité, dans un contexte de compétition internationale. L’appel à manifestation d’intérêt a reçu plus de 150 candidatures, venues de 25 pays différents. Nous avons retenu 30 lauréats – dont Volocopter ou Thales, par exemple – notamment pour réaliser des tests, sur l’aérodrome de Pontoise : impact acoustique, vibratoire, modalités d’opération, communications…