Cartographier les réseaux souterrains pour sécuriser les chantiers

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Chaque année, des milliers de câbles, gaines ou canaux enterrés sont endommagés dans le cadre de chantiers. Pour limiter les dégradations et éviter les risques qui peuvent en découler, la start-up Exodigo a développé une technologie de détection souterraine nourrie à l’intelligence artificielle. Une solution testée par VINCI Construction.

Comme plusieurs autres entreprises, Exodigo est accompagnée par Leonard dans le cadre de son programme CATALYST, qui permet à des start-up matures d’optimiser leurs projets in situ, en les déployant sur des chantiers opérationnels du groupe VINCI.

2,7 millions de kilomètres : c’est la longueur cumulée des ouvrages enterrés dans le sol français. Réseaux d’eau, de gaz et d’hydrocarbures, d’assainissement, d’électricité, de télécommunications… Un entrelacs essentiel au fonctionnement de la société, régi par des règles strictes de référencement et de positionnement.

Chaque année pourtant, des milliers de câbles, de gaines, de canaux sont endommagés à l’occasion de travaux de creusement, avec des conséquences parfois très lourdes, tant pour la sécurité des travailleurs, des riverains et des biens, que pour la protection de l’environnement, voire pour l’économie.

En cause, bien souvent : l’imprécision des plans fournis par les exploitants de réseaux aux maîtres d’ouvrage des chantiers. «Le mauvais référencement des réseaux est assez fréquent. La marge conventionnelle d’erreur est de 50 centimètres, mais il n’est pas rare de constater des écarts d’un, voire deux mètres entre les indications fournies et la réalité du maillage. En Île-de-France, où celui-ci est particulièrement dense, les risques associés aux opérations des chantiers constituent une réalité avec laquelle nous devons composer», explique Pierre Besson, ingénieur travaux au sein de l’agence d’Aubervilliers d’Eurovia, filiale de VINCI Construction.

Regarder la vidéo « Catalyst on the field : Exodigo »

Plus de 500 Go de données collectées par acre numérisé

En cas d’incertitude sur la localisation géographique d’au moins un des ouvrages ou d’un tronçon souterrain, les maîtres d’ouvrage, responsables de la sécurité sur les sites de travaux, sont tenus de mener les investigations nécessaires à l’identification précise des réseaux. Ils peuvent pour ce faire utiliser des techniques diverses : capteurs électromagnétiques, magnétiques, récepteurs GNSS, radars GPR, détecteurs de métaux, etc.

Autant de techniques auxquelles la start-up Exodigo, spécialisée en détection et modélisation de sub-surface non intrusive, a ajouté une couche d’intelligence artificielle pour augmenter la fiabilité de sa solution de cartographie souterraine.

Comment ça marche ? Des radars hyper sensibles auscultent chaque mètre carré du terrain et identifient tous les actifs souterrains connus et inconnus, quels que soient leurs matériaux ou propriétés. Plus de 500 Go de données par acre numérisé (un peu plus de 4 040 m2) sont ainsi collectées, puis téléchargées sur le cloud où les algorithmes d’Exodigo exécutent des simulations physiques afin de délivrer une prédiction optimale de l’emplacement des objets détectés dans toute la zone.

La 3D pour visualiser précisément les ouvrages

Cette solution a été testée par Eurovia sur un chantier de la RATP à Aubervilliers. «Le sol abritait de nombreux réseaux: gaz, haute tension, basse tension, télécoms, assainissement, eau potable. Or, le maillage décrit par le plan n’était pas suffisamment complet. La technologie multi-détection d’Exodigo a permis de localiser 30 ouvrages enterrés dans la zone, quand les plans n’en identifiaient que 19.  Mieux encore : 35 réseaux ont pu être localisés dans une zone jusqu’alors non cartographiée», raconte Pierre Besson.

Pour produire des visualisation 3D permettant aux équipes des chantier de visualiser sur site les ouvrages enterrés, Exodigo s’est adjoint l’expertise d’Avus, une plateforme de modélisation 3D, management et visualisation en réalité augmentée des réseaux enterrés dont le développement est hébergé par la division Route de VINCI Construction. «Grâce à la 3D, on sait, sans avoir à creuser, où on peut passer, quitte à travailler de manière quasi-chirurgicale», affirme Pierre Besson.

Reste que les innovations, si intéressantes soient-elles, ne suffisent pas à écarter totalement le risque. La sécurité sur les chantiers repose aussi, et peut-être avant tout, sur la sensibilisation et la formation des opérateurs.

Photo : généré à l’aide de l’IA par Infini Craft / Leonard

 

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