L’incendie de Notre-Dame – au delà de l’émotion et des polémiques – a rappelé avec fracas que nos édifices sont particulièrement vulnérables aux flammes. Sur 300 000 incendies enregistrés chaque année en France, plus de 70 000 sont liés aux habitations. Ces derniers provoquent entre 200 et 300 décès par an. Dans ce contexte, constructeurs et pouvoir publics produisent d’importants efforts pour limiter au maximum les risques, faciliter l’intervention des pompiers ou l’évacuation des habitants.
Mieux vaut prévenir que guérir
Les procédures et les réglementations anti-incendie constituent la première et la plus efficace des barrières. Portes coupe-feu, compartimentage des édifices, exutoires de fumée, systèmes de détection ou de désenfumage, choix des matériaux : il serait fastidieux de faire ici l’inventaire d’une réglementation particulièrement exhaustive. En outre, l’arsenal juridique se renforce au rythme des drames. L’incendie de la Tour de Grenfell à Londres en 2017 a ainsi lancé un grand débat sur les matériaux d’isolation utilisés en façade. Aujourd’hui, l’Etat s’apprête à renforcer drastiquement les contraintes à ce sujet. Chez les professionnels du bâtiment, ce durcissement progressif de la réglementation provoque des réactions contrastées. Si tous s’accordent à dire qu’une réglementation stricte est nécessaire, certains s’interrogent sur la pertinence de certaines mesures jugées peu claires.
Des technologies contre l’incendie
Dans le cas où toutes les précautions n’auraient pas suffit, l’innovation se concentre également sur la lutte anti-incendie à proprement parler ! Médiatisés par l’incendie de Notre-Dame, les drones pompiers permettent d’identifier la meilleure stratégie et pourraient bientôt se transformer en véritables extincteurs volants. Le drône Anafi Thermal embarque déjà une caméra thermique afin de faciliter les missions d’inspection. Plus classiques, les lances à très haute pression permettent déjà d’éteindre les incendies dans des espaces confinés.
Dans les édifices, les systèmes d’alarme et de détection innovent également. Le système d’alarme radio adressable de Neutronics, récompensé à Expoprotection 2018, permet de gagner un temps précieux dans l’identification du départ de feu. Dans la même lignée, le développement de l’Internet des Objets permet d’anticiper les incidents. L’assureur Luko propose ainsi un capteur connecté capable de surveiller la consommation électrique de l’électroménager et d’alerter son utilisateur en cas d’anomalie.
Mais l’innovation ne s’arrête pas au numérique. Les nouveaux matériaux rivalisent d’ingéniosité pour ralentir la propagation des flammes. Parmi les solutions classiques, on retrouve les joints coupe-feu ou les revêtements ignifugés. Plus novateurs encore, les nanomatériaux affichent des propriétés exceptionnelles. La Texas A&M University a ainsi mis au point un revêtement comparable à un “mur de nanobriques”. Même avec des couches de 20nm, un coussin exposé aux flammes ne présentait aucune trace de fusion après 10 secondes. En prime, cet assemblage de nanofibres de cellulose et de vermiculite limite la production de fumée et pourrait s’avérer plus écologique, plus économique et moins toxique que les revêtements classiques !