e-béton : itinéraires croisés d’entrepreneurs inspirés !

L’automne dernier, e-béton, la plate-forme de préconisation, de gestion et de traçabilité des bétons, née de la 4e promotion du parcours intrapreneurs, est devenue une Business Unit à part entière de VINCI Construction, pilotée par Bruno Paul-Dauphin, Clémence Thune et Tom Malo (VINCI Construction).

e-béton affiche aujourd’hui une solide dynamique de croissance. Son succès ne doit rien au hasard. Il s’enracine dans les destins croisés de deux parcours d’entrepreneurs, dont les convictions et l’esprit créatif ont su faire émerger une solution gagnante, à l’issue d’un chemin tout sauf linéaire. Retour sur la naissance d’e-béton avec ses deux inspirateurs : Charles Dassonville (devenu Head of Data chez AOS) et Bruno Paul-Dauphin (qui dirige en parallèle la démarche Exegy de VINCI Construction).

 

On définit souvent les entrepreneurs comme des inventeurs de solutions. A quelle problématique le projet qui deviendrait e-béton devait-il apporter une solution ?

Charles Dassonville : L’histoire a commencé en 2018 à la fin de mes études à l’ESTP, lors de stages, en tant que chef de chantier, chez Eurovia. J’ai été amené à commander et suivre les livraisons de béton, assurer le reporting financier et gérer les bons de livraison liés aux activités béton. Cette gestion était manuelle, fastidieuse. A l’évidence, il devait être possible de dématérialiser et ainsi optimiser la gestion du béton. C’était le premier problème à régler ! Il est apparu par la suite que numériser la gestion du béton répondrait, aussi, à des enjeux de qualité et de traçabilité.

Dans le cadre d’un master entrepreneurial, j’ai construit un projet d’entreprise, avec un associé. J’ai rencontré dans ce cadre Pierrick Bouffaron, alors Responsable de ’accélération chez Leonard, Nathalie Martin-Sorvillo – Directrice des programmes innovants, Leonard – et Julien Villalongue, Directeur de Leonard. Le projet les intéressait. En septembre 2018, Pierrick Bouffaron nous a proposé de venir formaliser notre projet chez Leonard, en tant que start-up indépendante.

Au départ, e-béton devait être une simple plateforme d’interconnexion entre les centrales et les chantiers. Nous avons beaucoup appris, beaucoup voyagé, rencontré différents types de producteurs, mais sans vrai succès commercial : difficile, quand on est une petite start-up émergente. J’ai choisi alors de poursuivre l’aventure différemment, seul cette fois, en focalisant la plateforme sur le suivi financier et l’archivage des bons de livraison – une première dématérialisation des livraisons. Dans cette perspective, j’ai souhaité intégrer une équipe de VINCI, car les échanges y étaient fructueux, et cela permettait d’inscrire le projet dans le programme Intrapreneurs de Leonard. Mais j’ai eu en parallèle l’opportunité de rencontrer l’équipe d’AOS… que j’ai fini par rejoindre, et où je prends en charge aujourd’hui la thématique data et développement.

 

Le projet de Charles qui pointait un besoin métier réel, avait posé les bases d’une solution pertinente pour y répondre. L’opportunité restait à concrétiser. Comment le projet a-t-il rebondi ?

Bruno Paul-Dauphin : J’ai rejoint VINCI Construction pour, notamment, prendre en charge le sujet des bétons bas carbone. A ce titre, en 2019, je me posais une question clé pour construire et développer efficacement des solutions bas carbones : comment mesurer et suivre les volumes et empreinte carbone des différents bétons ? J’ai posé la question au directeur des achats de VINCI Construction qui m’a spontanément répondu que Charles Dassonville était la bonne personne avec qui échanger. Nous avons donc commencé à discuter de nos approches et roadmaps respectives. Au départ, j’imaginais que nos projets fusionneraient. Mais l’alignement de planètes nécessaire ne s’est pas présenté, pour Charles. Et le projet a suivi un autre chemin !

 

Comment s’est transformé le projet initial en e-béton, Business Unit intégrée à la démarche Exegy de VINCI Construction ?

Bruno Paul-Dauphin : L’intuition de Charles et les preuves d’intérêt du marché qu’il avait réunies en présentant son approche aux producteurs de béton étaient les bonnes : la dématérialisation des bons de livraison et des commandes de béton est un levier puissant. Dans le cas de l’empreinte carbone, en particulier, c’est précieux, car c’est un moyen d’assurer l’indispensable traçabilité des émissions des différents types de béton.

La démarche Exegy, que je porte aujourd’hui, vise justement à promouvoir les bétons bas carbone avec des standards techniques, à optimiser le développement de solutions bas carbone compétitives, et à s’appuyer sur un réseau de producteurs partenaires pour rendre accessibles ces bétons bas carbone à tous nos chantiers. Cette démarche s’appuie dès la conception sur la plateforme e-béton où sont référencés les bétons à proximité d’un chantier avec des indications économique et environnementales.

La solution initiale de Charles prévoyait de digitaliser et simplifier la gestion des bétons. Nous nous sommes appuyés sur les chantiers de VINCI Construction pour bien comprendre leurs besoins et les attentes de leurs clients. Certains chantiers avaient initié des démarches similaires dont nous nous sommes inspirés pour développer une application simple, destinée aux équipes opérationnelles avec une attention portée au suivi de la qualité des bétons et à leur meilleure traçabilité. L’application e-béton testée sur quelques chantiers à l’été 2020 a confirmé son utilité et est devenue en quelques mois une solution commerciale déployée en France et à l’international avec à ce jour plus de 25 chantiers et des centaines d’utilisateurs.

 

Les innovations prennent souvent des chemins inattendus, et certains finissent en impasse. Qu’est-ce qui fait qu’un projet d’entrepreneur puisse réussir malgré les changements de direction stratégique, de format, de gouvernance ?

Charles Dassonville : Mon expérience de porteur de projet, c’est que la liberté que donnent les petites structures – le format start-up – est un atout indéniable pour aller vite, pivoter facilement, oser… Mais il a ses limites. Il peut être difficile de convaincre, de rassurer, surtout sur des marchés où les acteurs sont des acteurs de grande taille et qui, de surcroît, reposent sur des process longs et complexes. Vient un moment où l’accompagnement, le mentorat, sont indispensables. Et, surtout, où la connexion à de grands comptes et décideurs clés est indispensable. C’est ce qu’apportent les programmes d’intrapreneuriat, notamment.

 

Bruno Paul-Dauphin : C’est effectivement l’un des grands atouts des programmes d’intrapreneuriat que de rapprocher l’agilité des projets et la « force de frappe » d’un grand groupe comme VINCI. Les intrapreneurs bénéficient en plus de l’appui d’un sponsor interne déterminant pour accéder aux chantiers, affecter des ressources et obtenir le financement des développements informatiques notamment. Je pense que l’accompagnement des start-up est une grande responsabilité, en particulier quand des entrepreneurs cohabitent avec des intrapreneurs, tel que c’est le cas au sein de Leonard avec le parcours SEED et le parcours Intrapreneurs. Il faut savoir ajuster les rythmes et gouvernances à la fois des structures légères que sont les start-up et des grands groupes comme VINCI. C’est là que naissent les belles histoires, comme celles que nous avons partagée, et je pense que ces belles histoires vont se multiplier !

 

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