Aux États-Unis, le VTC nuit gravement aux mobilités partagées

Dans les plus grandes villes américaines, les applications de VTC n’ont pas conduit à une réduction du trafic automobile. Au contraire, elles se sont démocratisées aux dépens des transports publics, bus et tram surtout, d’après la première étude jamais réalisée sur le sujet. Paradoxal ?

le VTC nuit gravement aux mobilités partagées

 

« Depuis son premier jour [en 2009], la mission d’Uber a été d’améliorer la vie urbaine en connectant ses habitants, grâce à la technologie, avec des trajets sûrs, fiables et sans soucis ». C’est ainsi qu’Uber annonçait début 2015 le lancement à Boston d’un nouveau partenariat avec les autorités locales. Dans ces « smart cities », clame le géant du VTC, l’avenir passe par la remise en question du paradigme de la possession d’une voiture individuelle, voire la fin du règne de l’automobile dans la ville.

Et pourtant, dans sept grandes agglomérations (Boston, Chicago, Los Angeles, New York, San Francisco et la Bay Area, Seattle et Washington D.C.) étudiées par l’Institute of Transport Studies de l’université californienne de Davis, le développement de l’usage des nouveaux services de mobilité comme Uber et Lyft ne s’est pas accompagné d’un retrait de l’usage de la voiture. L’une des auteures de l’étude conclut même que ces applications « sont plus susceptibles, aujourd’hui, d’ajouter du trafic automobile en ville » que d’en retrancher.

Le recours à un VTC se substitue en effet dans 61% des cas aux transports publics, à la marche ou à l’usage du vélo, et seuls 20% des trajets en VTC remplacent l’utilisation de la voiture individuelle. Les VTC auraient ainsi contribué à détourner les citadins américains des transports en commun dans les villes étudiées : -3% de trafic pour le bus, -6% pour le tram. Seul le train a vu son usage augmenter avec la mise en service de ces apps : au lieu de prendre leur voiture pour un long trajet, ces usagers ont combiné train et VTC. Les transports publics ne sont pas les premières victimes du succès des VTC : les services d’autopartage et de covoiturage ont eux aussi reculé.

A l’heure où l’innovation numérique transforme les déplacements quotidiens, les données produites par les nouveaux services de mobilité deviennent indispensables pour penser des modèles urbains durables, à partir du réel et des usages. Après les batailles de régulation, se dirige-t-on vers un “temps deux” des relations complexes entre plateformes et décideurs urbains ?   

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